vendredi 30 octobre 2015

ALORS

Envoyer de très belles fleurs à sa mère à chaque anniversaire; des chrysanthèmes, oui, afin de lui rappeler combien il l’aimait, dans les tons les plus mauves délavés, à moitié pourris car récupérées dans un cimetière peu fréquenté ou l’absence de gardien lui permettait de le substituer sans risques d’être soumis à la honte de profaner les non vivants, un point de vue peu défendable auprès du commun des mortels selon lui: elle pourrait aisément les replanter dans le jardin, et comme elle était née en automne, les lui offrir vifs et brillants n’avaient aucun intérêt puisque l’hiver arriverait immanquablement, aussi il salivait à l’avance de les savoir voués à la décomposition rapide, le sujet le plus important de ces recherches, le stade le plus aimé de ses expérimentations et de ses amours temporaires, avec la musique et la transmission des renseignements : une activité que personne ne pourrait jamais supposer venir de lui. Il trempait dans les bas-fonds, tout en étant un enquêteur hors norme et un personnage utile pour faire horreur à la gent féminine, même celle d’une prostitution peu regardante à la clientèle, et bien sûr, alignée sur les prix les plus bas. Ce matin là, il s’était félicité d’avoir pu la veille, obtenir une pipe négociée à 30 euros, un prix qui lui apportait pratiquement autant de jouissance que la nature de l’acte en lui-même, bien qu’il eut regretté que la fille n’y ait pas mis un peu plus de cœur alors qu’il avait quand même fait l’effort de se laver un mois plus tôt, pour paraître plus convenable à ses yeux. Du moins un peu plus que pour la dernière fille fréquentée, ce surtout pour pouvoir obtenir une remise fort méritée de son point de vue : toujours radical en matière de goûts.

De plus, le chrysanthème était aussi anti insectes, donc, il préférait les destiner à sa mère :  garder les bêtes qui vivaient chez lui en vie et en vie puisqu'ils cohabitaient intimement et d’un commun accord qu’ils se rendaient les uns, les autres. Il avait même tenté d’installer un vivarium, récupéré dans une benne, un peu fendu en son milieu mais parfaitement ajustable à d'autres fonctions, comme la majeure partie de ses biens, si petits fussent-ils.


Certes, le vivarium était destiné aux fourmis mais il était pour l’adaptation du milieu à l’environnement et de l’environnement au milieu, aussi avait-il œuvré à la défaveur des voisins mais pour  ne sacrifier rien de vivant qui l’approcha. Il partageait donc sa cuisinière à gaz avec les bestioles, ce qui leur évitaient pour la plupart de courir et de loger dans la literie :


Une literie remarquable par rapport à toutes celles qu’il avait eu jusque ici; trouvée sur le capot d’une vieille 104 bleu fagot, presque neuve et fraîchement lavée, envolée d’un balcon ou elle séchait probablement, la housse de couette avait été un ravissement quand il y avait passé sa première nuit, il en était férocement content et même fier devant les rares visiteurs qui avaient eu le droit de pénétrer chez lui : elle n’avait pas quitté son sommier depuis un an, une faveur qu’il n’accordait pas même à une femme ou une copine, car il n’était pas trop partageur. Son sommier, hélas, n’avait pas reçu le don divin de la récupération, sommier  sur lequel il dormait mieux que n’importe ou ailleurs, creusé par le trou que formait son corps en son milieu, rehaussé par la tristesse d’un linge peu recommandable pour l’honorer qu'il affectionnait : il habitait ses vêtements  jusqu’à ce que mort s’ensuive et ainsi, s’en séparait uniquement avec une tristesse inouïe, et son sommier il l’aimait encore presque plus que sa housse de couette, car il était resté tel quel, emballé dans du plastique, jamais ouvert, volé dans une allée avec un de ses potes qu’il avait réussi à convaincre contre deux places d'un concert improbable d’une valeur de 300 euros. Le pote avait fini par l’avoir mauvaise car il lui avait imposé un duo mais en le lui signifiant uniquement une fois le sommier déposé devant sa porte : il fallait bien qu’il se paye lui aussi le fait de porter le sommier seul de la porte à l’intérieur de sa chambre, un studio en réalité, enseveli au point qu’il avait refusé de laisser entrer cet ami qui ne le resta pas.


Alors cultivait chaque détails avec minutie et prenait donc soin chaque matin de sortir du lit en y restant, de façon à pouvoir avaler un café noir sans sucre, encore assis dans ce lit car il dormait  juste devant la vieille cuisinière qu’il n’avait jamais lavée non plus et qui était reliée à une bouteille de gaz qu’il économisait au maximum de ce qu’il pouvait, comme il le faisait avec tout ce qu’il rencontrait et comme il le faisait avec presque toutes les fonctions de sa vie.


Il ne pensait pas qu’on  puisse le taxer de minimaliste : il se trouvait vernis et il savait que personne ou presque ne pouvait comprendre quel type de vernis était des plus seyant. 
Certainement pas celui des plus hautes sphères.


Il était châtain très clair et il détestait qu’on lui dise qu’il soit blond, ou châtain; il fallait dire châtain clair. Personne n’aurait pu soupçonner le type de renseignements qu’il était capable de soutirer à n’importe qui, dans pratiquement tout contexte : peut-être parce que le voir subtiliser les épluchures de pommes blettes dans la cuisine d’une copine, chez laquelle il était invité pour un apéro, pour les croquer rapidement afin de ne pas les destiner aux poubelles, heurtait la sensiblerie des moins compréhensifs qui le catégorisaient aussitôt. 

Parfois s’il avait le temps et toujours en lousdé,  il retirait des mets insoupçonnés des poubelles qu’il trouvait subtils et merveilleux,  et même découvert en train de gratter une cuisinière sale avec un couteau autour des feux et de ramasser les détritus cramés ou d’y  essuyer du pain dans la graisse collée (il prenait soin de faire chauffer la bouilloire en feintant de vouloir lancer une tisane, ce qui faisait quelque peu sourire puisque le blanc était ouvert, ce avant tout, afin de pouvoir décoller celle-ci, cette vieille graisse qui selon les appartements pouvait être de putride à fraîche, en effet la décollait plus facilement que ce soit la sienne ou celle de ses amis en versant de l'eau en très petite quantité autour des feux, comme le jus d’un rôti fraîchement sorti du four, toutefois découvert et à découvert, il se tenait droit comme un empereur romain victorieux et affichait un sourire merveilleux, si bien qu’il arrivait à déstabiliser l’ennemi au point qu’il batte retraite parmi les convives, et de ce fait, évite toute discussion explicative : en effet, il semblait alors vraiment ne pas avoir pas le profil d’un indic de premier ordre, Alors. Et passait donc, une nouvelle fois, à travers les mailles du filet comme de de nombreuses autres occasions.


Après le café il attrapait la télécommande, toujours au pied du lit et ouvrait sa planche de salut : une prouesse de technicité informatique d’un mètre cinquante sur 55 centimètres, camouflée de l’intérieur d’une bibliothèque qui s’ouvrait sur codes et commandes uniquement pour son propriétaire, par résonance olfactive associée, entre autres.








C'était un vrai jour de fête, de ceux qui brûlent comme une brindille, d'un éclat qui semble particulièrement bénéfique mais qui ne dure que le temps qu'on se décide à y consacrer. Lorsqu'il est là, on ne le voit pas bien et quand il s'est en allé c'est une saveur insoupçonnée qui s'évapore à jamais, parce que le feu à brûlé si vite qu'il n'a pas pu prendre. Ou bien il nous à tellement consumé. Au fond, l'intensité semble anecdotique mais elle véhicule des particules sans querelles, sans rien qui ne puisse être aussi beau car ultime et si l'on sait s'y soumettre sans pourtant que rien de soi n'y soit soumis cela peut monter très fort et très vite et l'atterrissage n'est jamais des moindres, cela ne présage rien de particulier si ce n'est qu'à cela on ne puisse que se soumettre comme étranger à ce qui se passe à l'intérieur du corps, qu'il fredonne, somnambule, ou bien se trouve dans un silence total, une possibilité invraisemblable du manque, une disposition nouvelle à aimer les courants d'air, être agenouillé et tenu d'une main ferme, oppressante et douce.

Elle releva la tête et se trouva à l'improviste les yeux dans les siens, il la regardait sans galanterie, d'un air légèrement différent de ceux des autres, cela dura assez pour qu'elle fût envahie d'une douce lumière, elle hésita quelques secondes, intriguée de ce regard direct impressionné d'un climat calme et bienveillant effleuré d'une pointe d'observation amusée qu'elle imagina plus en lien avec ce qu'elle portait qu'elle même, n'empêche, il la destabilisa par un accueil évident dont elle n'avait l'habitude, il y avait vraiment quelque chose de particulier au point qu'elle repensa à lui encore pendant quelques jours, juste après avoir voulu se dégager en lui faisant focaliser presque immédiatement son attention sur autre chose qu'elle, ce qu'elle savait très bien faire et au moment de sortir, alors, elle le vit en face d'elle en pleine conversation avec une petite femme brune, qui devait partager une certaine proximité avec lui, et elle se détourna tout en ressentant une impression qu'elle savait plus ou moins annonciatrice, tout en se disant :
- Putain, merde, fais chier.
De plus, il était grand, et avait d'la gueule. Et, elle ne se trompait que très rarement. Dégoutée, elle tourna les talons, et détala.

dimanche 25 octobre 2015

Du Handicap

Sous-Titres :

- Diatribe.
Au clair de lune, j'ai perdu mon char ?

- Manuel à l'usage des cons, mêmes joyeux

- Petits cons à l'usage du Handicap

- Réfléchir, c'est agir : action sauciflard.

- Fenêtre égarée un jour ou on a pas envie de se lever mais comme on le doit et qu'on à qu'une demi-heure, on la mets à profit car demain n'est fait de rien du tout, même si le profit gagne à certains, d'autres y perdent quand même, et peut-on faire une révolution en 30 minutes ? 
Autant ne pas perdre une de plus.

- Du handicapé qui n'a pas envie d'une parole sympa.

- T'es handicapé pour écrire sur le handicap, ou quoi ?

- Au moins si c'est drôle et pas larmoyant, ce sera apathiquement littérairement peut-être correct et recevable

- TATACARTE ?

- Je suis certaine de récolter des résultats positifs

- Et bien, c'est du joli, mettre en avant le handicap pour faire du flouze...

- Je floue, tu floues, il floue

- T'as déjà pissé dans une bouteille en plastique ?

- Intersection et trajet pervers de la pensée et autres découpages de pastrami.

- Désolée, je reviendrai plus tard.

- Désolé mais c'est de la merde.

- Sans restriction de langage. C'est autorisé ?

- Doit-on être un handicapé poli ?

- Peut-on être heureux et handicapé ?

- C'est alors que le réceptionniste c'est tourné vers moi, et j'ai du lui dire : votre braguette est ouverte.





Just Kids, Folio 5438.

En fait rien ne se passe comme je le voulais. Ce n'est pas une habitude, c'est. Comme ça, ça vient et ça va. Quelqu'un avec qui j'ai porté des lunettes noires en fumant, le long d'un canal, déambulé. Dans des lieux sombres et musicaux, traversé une ville en long en large et en travers, en tous sens, à toutes heures. Échangé autant qu'on puisse, quelqu'un qui à eu un, je ne sais pas, quelqu'un qui a compté, qu'on oubliera pas, sur qui on n'a pas fait de croix mais qui n'est plus là depuis longtemps parce que la vie fait cela, que tu suis ton chemin, que ce n'est pas contre qui que ce soit mais, que parfois tu prends un autre cours, tu traverses un ru, tu franchis une montagne, tu te noies dans la boue, tu t'es relevé, tu retraverses de grands moments joyeux, et tu te casses encore un peu la gueule, et les autres, ceux d'avant, tu les as présent en toi et pour tout, et parfois, ils se manifestent. Et tout à coup il te tombe quelque chose qui tombe à cœur, et non à pic, les larmes au bords des yeux pour l'émotion et le plaisir, exactement. A envoyé, Just Kids, Folio 5438.


Ma mère m'a appris à prier; elle m'a enseigné la prière que sa mère lui avait apprise. Maintenant que je vais dormir, que le seigneur veille sur mon âme. A la tombée de la nuit je m'agenouillais devant mon petit lit, et debout derrière moi, elle m'écoutait réciter après elle, avec une éternelle cigarette. Je ne désirais rien tant que dire mes prières, mais c'est mots me troublaient et je la harcelais de questions. Qu'est-ce que l'âme ? De quelle couleur est-elle ? Je craignais que mon âme ne me fasse le tour pendable de s'échapper pendant mon sommeil et ne jamais revenir. Je faisais de mon mieux pour ne pas m'endormir, afin de la garder à sa place, à l'intérieur de moi.

Quand ça devenait un peu trop dur, je retournais au pratt, ou je pouvais tomber sur une connaissance qui me laisserait prendre une douche et une bonne nuit de sommeil. Ou bien je dormais dans un hall, près d'une porte familière. Ce n'étais pas la joie mais je me répétais ces mots : " Je suis libre", je suis libre", comme un mantra. Au bout de plusieurs jours, toutefois, c'était mon autre mantra " J'ai faim, J'ai faim", qui avait tendance à prendre le dessus. Je ne m'en faisais pas pour autant Tout ce qu'il me fallait c'était un coup de veine, et il n'était pas question de laisser tomber. je traînais ma valise écossaise d'un perron à l'autre tachant de ne pas user mes hôtes récalcitrants. C'était l'été de la mort de Coltrane.





Je sais pas si j'le f'ras;

Ce qui est c'est que je ne peux plus faire un pas vers toi, je sais que tu t'en rends compte, parce que tu l'as dit :

- Ah, c'est toi ? Ça fait longtemps.

- Pourquoi tu n'y vas plus ?
- Tu sais qu'elle peut mourir demain ?
- Il faut que tu y ailles.

Ce n'est pas le fait que je n'ai pu aller ni à ton enterrement ni près de toi. Ce n'est pas le fait que je, j'ai du mal à me déplacer.

Et maintenant à parler. 

En revanche, je ris bien quand-même. 
Enfin.
Il serait pas content. 
Je rassemble mes forces. Peut-être que j'en perds aussi un peu. Qui sait ?

Je viendrais bientôt.
J'aurais dû venir demain.
Mais non.


Cela ne me fait aucun mal que tu ne me reconnaisse pas.
En revanche bien d'autres choses me font chier.
Trop crevée. Crevée comme une vieille pile.
Je crois, je ne sais pas si je remettrais du rouge, à lèvres.

Tu le sais pas que je devais m'acheter un costard rouge si je m'en sortais.
Et je ne l'ai pas fait.
En fait, j'ai changé pour bleu turquoise.
Et je ne l'ai pas fait non plus.

Et maintenant, j'ai juste envie d'une veste rose, rose fuschia qui tue.
Je sais pas si j'le f'ras;


dimanche 18 octobre 2015

L'opposition et les vertus de l'opposition permettent-elles et comment de changer les choses en profondeur ?

Or, je n'ai nullement l'intention d'abandonner cette opposition entre ce que je nomme "l'humain" et ce que j'appelle " l'androïde", ce dernier étant un cruel simulacre de pacotille du précédent à des fins plus basses. Mais je m'étais fié aux apparences et pour distinguer ces catégories l'une de l'autre, il faut plus de subtilité. Car si un être doux et inoffensif peut se dissimuler derrière un masque de guerre terrifiant, alors il est d'autant plus probable que derrière les masques doux et inoffensifs se dissimulent de vicieux exterminateurs d'âmes. Dans un cas comme dans l'autre, l'apparence ne suffit pas : il nous faut pénétrer au cœur de l'être, au cœur du sujet. 
Sans doute tout à un but positif dans l'univers, je veux dire, tout sert tout sert aux fins de l'univers. Cela dit certaines parties intrinsèques ou certains systèmes secondaires peuvent très bien être meurtriers. Il faut alors les considérer comme tels, sans faire attention à leur rôle au sein de la structure totale. Le Sefer Yetsira ou livre de la création, un écrit cabalistique d'il y a près de 2000 ans, nous indique que "Dieu érigea aussi l'un contre l'autre, le bien contre le mal, et le mal contre le bien; le bien vient du bien, et le mal vient du mal; le bien purifie le mal, et le mal purifie le bien; le bien est réservé pour les bienfaisants et le mal pour les malfaisants".
(...)
Et puisque vous m'avez suivi jusqu'à présent, je vous demanderais d'avoir la gentillesse de continuer de m'accompagner encore un peu. Je voudrais parler avec vous d'une chose que j'ai découverte - qui m'est revenue - parmi ce flot de souvenirs oubliés. En mars 1974, les variables reprogrammées modifiées à une date antérieure, probablement vers la fin des années 1940 - en mars 1974, donc, eu lieu le dénouement, le résultat de l'une au moins des variables reprogrammées quelque part le long de la séquence temporelle linéaire de notre passé. Entre mars et août 1974, une variable reprogrammé près de trente ans plus tôt entraîna une série de changements qui culminèrent en un événement historique, spectaculaire autant qu'unique : la démission forcée du Président des Etats-Unis d'Amérique, Richard Nixon, et de son équipe. 

(...)

Le monde du futur, pour moi, n'est pas un lieu mais un événement.
Philip K. Dick, Si ce monde vous déplaît… et autres essais

dimanche 11 octobre 2015

"Alors Que Te Faut-t-il ?"

1 - Les mécanismes sont. Tu es. Vous faites partie du même environnement. Ça existe ensemble de façon indissociable. Ce qui ne veut pas dire inévitable : on peut prendre conscience de cet état et tenter de l'amender.
 
 
Qu'est-ce donc qui nous fait prendre conscience que nous allons mourir ? Que ce passe-t-il le jour ou nous  comprenons que la fin de notre vie n'est pas seulement une possibilité, mais un foutu fait ?
 

2 - Comprendre implique savoir, consciemment ET inconsciemment. Cette compréhension et le fait qu'elle se bâtisse en continu implique bien entendu que tu sois et acteur et théâtre.
 
La neige dansait comme du coton dans la lumière du réverbère. Sans direction, sans savoir si elle voulait monter ou descendre, elle se laissait simplement guider par ce foutu vent glacial qui venait des grandes ténèbres du fjord d'Oslo. Ils tourbillonnaient ensemble, le vent et la neige, tournaient et tournaient sur les quais, dans le noir, entre les hangars fermés pour la nuit. Jusqu'à ce que le vent se lasse et laisse sa partenaire de danse contre le mur. Mur où la neige sèche, soufflée de part en part, s'était agrégée sous les chaussures de l'homme dans la poitrine et la gorge duquel je venais de tirer.
 

3 - L'inconnu n'est pas ce que tu ne connais pas, c'est juste ce que tu n'as pas encore compris tout en étant en mesure de l'envisager. Ce que je veux dire c'est que tu sais qu'il y a des choses que tu ne connais pas. Tu les vois. Mais, les voyant, tu sais que tu es en mesure de pouvoir les comprendre.
 
Cet après-midi là, je restai dans l'obscurité d'un appartement à épier, comme ensorcelé, la femme d'en face Je pouvais dire ce que je voulais aussi fort que je le voulais, personne ne m'entendrait, et je n'avais pas besoin de la regarder de dos, de regarder son chignon, de façon à pouvoir m'imaginer une beauté qui n'était pas là. Funambule. C'est la première réflexion que je me fis quand elle entra dans le salon. Elle portait un peignoir blanc et évoluait comme une chatte.
 

4 - L'inconnu est très différent de la vraie surprise: l'inattendu. La rencontre avec ce qui est sur le moment inconnaissable.
 
Elle passe la majeure partie de ses journées seule à la maison précisa Hoffmann. C'est en tous cas ce qu'elle dit. Fais le travail de la façon que tu voudras, Olav. Je te fais confiance. Moins j'en sais, mieux c'est, ec cetera. Tu comprends ? J'acquiesçai. en pensant et cetera.
 

5 - Pour moi, un happening, c'est l'expression de la réalisation du moment où l'inconnaissable devient compréhensible. C'est l'expression d'un instantané personnel, intime, et, étymologiquement, transcendantal.
 
 
 
La question était juste de savoir si l'on avait la flexibilité morale requise pour, au quotidien, recruter des jeunes femmes et les envoyer dans la prostitution.
 

6 - Cet instant n'est pas une singularité qui commence par se nourrir d'elle même puis du reste de la causalité. Cet instant est le fondement d'une remise en question personnelle et fondamentale.
 
Un bon mac vaut chaque couronne qui lui est versé, je l'ai toujours pensé. Le problème c'est que je tombe vite amoureux, et j'en perds de vue les affaires.
 

7 - Je suis intimement convaincu que certaines expériences ne peuvent être partagées (et partant intégrées) que par ceux qui les ont vécues. On peut tenter de faire sentir, de faire ressentir, d'approcher, mais ça reste loin de la réalité personnelle. Pour ne pas dire fondamentalement différent.
Ça peut te fournir un cadre qui te permet de faire passer certaines expériences de la surprise à au connaissable, mais sans aucune garantie. En d'autres mots : à la limite, on ne peut partager significativement que sur la base d'une expérience commune. Faute de, on ne peut que partager ses peurs.
 
On ne peut pas m'employer au braquage. J'ai lu que plus de la moitié des employés de banque exposés à un braquage souffraient ensuite de problème psychologiques.
 
Du sang sur la glace
THRILLER

Collage, participation fortuite d'Albain de Saint Martin.


samedi 10 octobre 2015

"la confusion est la seule chose qui reste et qui ait un sens."

Aujourd'hui dans une allée, je me suis sentie tout à fait là, et je sais que cela présage de drôle de choses, je ne sais jamais ce qui va arriver mais ce moment arrive, c'est une frontière, un moment de grâce qui peut conduire à une autre ouverture, j'ai levé la tête et j'ai pensé à ce que j'avais écrit, j'ai avancé doucement sur le sol en laissant mes pas se glisser comme s'ils étaient indépendant du reste du corps, j'ai regardé ce sol, et quand ma nuque à voulu se relever, au moment ou je pensais que tout pouvait s'arrêter d'un moment à l'autre, j'ai repensé à lui, je me suis demandé quelque chose comme pourquoi, un mot qui est venu m'effleurer bêtement et qui n'avait aucun sens, mais qui se présente, alors que le pourquoi n'en a jamais, puisque lorsque tu te mets en phase avec ce qui est au moment même ou tu le vis tu es dans l'ultime, puis j'ai vu une lumière magnifique percer au travers des arbres, et la communion s'est installé, pour quelques minutes entre l'environnement et moi, il me parla des gouttes de pluie qui tombaient projetées comme dans un manga avec une verdure éclatante qui répondaient au-dessous, les moineaux et autres oiseaux parlaient ensemble ou pas, fraîchement sortis dans l'accalmie, les feuilles traînaient ça et là, et je continuais d'avancer, une belle lumière dorée qui toujours est tellement bien rapportée par les anime, tous cela en songeant, que Avant La Pluie Merveilleuse et aussi La Guêpe et L' Orchidée, je ne le connaissais pas encore et il y a des gens comme des livres ou des expériences qui vous changent à jamais, influent complètement et intimement tout ce qui vous constitue.


Et j'ai continué de remonter l'allée, doucement toujours. Si je n'avais qu'une heure à vivre, s'est amené sur mon chemin, je n'ai pas pensé cela mais juste l'idée que tout pouvait s'arrêter et comme traverser cela est, terrible et fantastique à la fois. Fantastique est ce que tu fais de toi et pour toi, avec et sans les autres, c'est ce que je veux dire.

Le fait est qu'on sait de moins en moins ce que peut signifier ce mot, le bonheur n'est pas un état continu, stable, homogène, lisse, un paroxysme immobile et inoxydable de béatitude sans fin, ceci n'est que totale foutaise, refoutaise, totale foutaise, ceci n'existe jamais, ne se rencontre nulle part, sauf dans quelque hypothétique au-delà, Paradis supposé, rêve d'Eden, des lieux ou la main de l'homme n'a jamais mis le pied comme disait Agénor Fenouillard, ce que nous vivons est autre, tout différent, ce sont des séries, des successions, du vrac chaotique, des kyrielles d’événements, des sensations, de sentiments, ceux qui "éjouissent", comme dit Montaigne, et ceux qui peinent, extases et désolations, enjouements et dérélictions, chatouillis et dégueulis, toujours plus finement mêlés, à tel point que l'idée d"opérer le tri définitif, d'éliminer le tri négatif, de filtrer seulement le plaisir, le positif, d'extraire ainsi la pâte heureuse nommée bonheur, garantie sans chagrin, cent pour cent euphorique, cette idée est la pire bêtise, le plus triste des malheurs garantis, l'increvable vieille infamie de tous les arnaqueurs, escrocs crétins et imbéciles dangereux, tout bonnement parce que le filtrage n'existe pas, la séparation est impossible, etc...

Ne serait-ce point Carlos Castaneda qui eut dit que les philosophe étaient des sorciers ratés ?

Un homme m'a envoyé cela :  You should have read some Brunner. And then the Toffler who inspired him.

Nowadays, RAND reports are right on target. (...) Ceci dit, je pourrais te lire un ou deux extraits.



Voici le premier :

It's natural for a man to defend what's dear to him: his own life, his home, his family. But in order to make him fight on behalf of his rulers, the rich and powerful who are too cunning to fight their own battles-in short to defend not himself but people whom he's never met and moreover would not care to be in the same room with him-you have to condition him into loving violence not for the benefits it bestows on him but for its own sake. Result: the society has to defend itself from its defenders, because what's admirable in wartime is termed psychopathic in peace. It's easier to wreck a man than to repair him. Ask any psychotherapist. And take a look at the crime figures among veterans.


Wrap your troubles in dreams : Lou ReeD, édition bilingue, merci les éditions du POINTS. Voir aussi ça, ça, ça, ça,  et ça, ça, et puis ça. Putain, Antony And The Johnson, c'est une consécration. 


Court et bon : Une main encombrante, Heining Mankell, roman policier.

Sinon, j'ai lu cela (enfin commencé) : un ravissement ! Mais en aucun cas Le Ravissement de Lol VSteinJe vous en reparlerais aussi,  ( de ce qui touche à l'extrait ci-dessous) tout comme de BA, (l'homme glacé déjà le 17 ème épisode...).


Les membres du personnel le persuadèrent aussi de verser un produit imperméabilisant dans le Coca du patron, qui vomit une demi-heure dans les toilettes. L'incident devint partie du folklore de chez Streicher, comme l'histoire de cette cliente particulièrement pénible qui semblait vouloir essayer toutes les chaussures du magasin, et finit par réclamer une paire de bottes montantes en daim gris qui n'avaient aucune chance de lui aller. Comme il les lui apportait, elle demanda si c'était du daim. "Oh non, répondit-il, elles sont faites à partir de prépuces d'éléphants !" Elle le regarda et dit : "je savais bien qu'elles avaient quelques choses qui me plaisait !

Revenus bredouilles, ils recourent à un autre plan. Il s'en fut acheter dans un drugstore d'El Cajon une boite de Marezine, remède parfaitement légal contre le mal de la route et sans rien ingurgiter lui même, convainquit Roger d'en prendre dix comprimés "Il ne m'est jamais arrivé rien de pire de toute ma vie, dit celui-ci. C'était absolument horrible. Je me sentais mal et j'avais des hallucinations. J'ai finis chez moi, totalement bousillé devant mes parents". Le lendemain, il leur expliqua qu'il avait fumé de la Marijuana. Crétin ! Lui dit Rob Houghton, autre explorateur de la psyché. Maintenant tu as démoli leur bonne opinion de l'herbe ! En dépit des mises en garde de Roger il était impatient d'utiliser la Marezine. Il en avala une douzaine de comprimés et passa la nuit à halluciner, voyant de minuscules démons agiter d'énormes haches. "C'est mieux que le LSD !" écrivit-il dans une lettre canular au fabricant, Burroughs Welcome and Compagnie, prétendument écrite par le président de "Parents against Narcotics, section d'Elle Cajon". Il y exprimait son inquiétude à l'idée que les adolescents en quête de frissons puisent abuser du produit, et proposait son aide pour lutter contre cette menace.



Toujours animé par un esprit de contradiction il passa le reste de l'été à sacrifier une drogue peu estimée des hippies : le Romilar, un sirop pour la toux. Alors que j'étais en première année de fac et n'avait jamais consommé cette mixture en quantité suffisante pour prendre place parmi les illuminati j'entrais un jour en possession d'un comprimé d'acide et d'un flacon de Romilar. Comme le voulait la coutume à l'époque, je recourus au Yi King pour savoir lequel des deux prendre. Quand je demandai ce qui se passerait si j'avalais l'acide, le résultat fût :Vérité Intérieure'' Quand je posais la question pour Romilar, la réponse fût ''Confusion''. Je pris le comprimé d'acide, et n'obtins même pas une simple fraction de flash. La morale de mon histoire est simple : 

"la confusion est la seule chose qui reste et qui ait un sens."




dimanche 4 octobre 2015

Prenez-Moi !

Retombées de sombrero, c'est ce que m'avait amené Joe pour me consoler de ce qui m'arrivait, tout en me faisant une déclaration impromptue que je visionnais des plombes plus tard, à l'intérieur du bouq, en dernière page. Il m'avait renversée. Au point que j'en chialais pas mal. Le bouquin. Ne le quittait plus, et me mit même à parler à Brautigan, qui bien évidement, me répondait. Au contraire de ce qu'il y avait autour et de qui il y avait près de moi, mis à part Joe, qui était à part. 

Pour me remettre de cette histoire, même bouleversée, une fois qu'il m'eût accompagnée suffisamment, (le bouq) pour digérer cette mauvaise passe, je jetais Joe, et le bouquin avec, puis me mis en quête de travailler. Je postulais tout d'abord chez un grand ponte de la chaussure de luxe pour homme, qui me fit passer des tests, lesquels s'avèrent négatifs (au final) puis ailleurs. En effet, pour finir, le type chargé du recrutement et sa collègue un tantouillet fière de son allégeance à ses messieurs, habillée comme une fausse princesse avec une panoplie de bijoux en toc mais bien réalisés, lequel sur le poignet, lequel et un peu partout, me semblait tellement assortie à une boutique marron bois luisant astiqué avec de la cire et un zeste de citron, qu'elle me fit complètement flipper, (la fille et la boutique avec) et au moment de partir je voulus m'assurer de la possibilité inhérente à tout individu à dire des conneries (qui permettent de vérifier précautionneusement le rôle délicat de la baignoire dans laquelle vous vous apprêtez à vous tremper), aussi lorsque que le jeune homme très chic (sens propre et figuré) me demanda (pour finir) :

- Et pour nous convaincre de vous embaucher, que nous diriez-vous ? 

Je lui répondit du tac au tac et sur un ton très enjoué (qui secoua complètement la demoiselle) :

- Prenez-moi !

Quand j'ai vu leur têtes, j'ai bien compris qu'ils n'avaient pas une once d'humour même si le mec en avait un peu plus que la demoiselle, il était sous contrôle (et dut se reprendre pour ne pas rire à gorge déployée), et je partis sans demander mon reste, soulagée, mais toutefois en leur souhaitant une merveilleuse journée dans une boutique cruellement sombre, dans laquelle pendant 5 à 6 heures par jours, ils se baissaient aux pieds des clients, et avec élégance, au moins 30 heures par semaines, samedi inclus, et tels quels. 

C'est ensuite que je découvris que rien de ce que lisaient mes amis ne m'intéressait. Je me tournais désormais vers des auteurs polono-tatares (et non la Beat, qui m'em-Beat-ais).

vendredi 2 octobre 2015

Et BA, de Didier ACKER. On en reparle ?

Pendant que les Demoiselles, Mesdames et Hommes lisent 50 nuances de Grey (Figurez-vous qu'on me l'a proposé : je n'ai rien répondu, entendu que tout ce qui vous tombe dessus à du sens....nous verrons) je ne met pas de lien, j'aime bien déconner pourtant, (et c'est une romance érotique). Dans le genre (oh non, pas ça), la dernière fois, j'ai ouvert un bouquin au hasard, sur l'histoire de la sodomie ( je ne mets pas de lien.) Et, je suis tombée sur ce qui ne reflète très certainement pas du tout le bouquin, dont je ne vous parlerais pas du coup, tant pis pour vous, je suis donc tombée, vraiment. C'était un récit qui avait tout d'une scène de viol, réelle.

C'est là que je me suis rappelé comment, l'impact des mots peut-être puissant, autant que les photos, et qu'au détour, la réalité est, somme toute, d'une complexité certaine au vu de ce qui peut-être ressenti, lors d'une expérience de cette nature. Résolument contre la censure, je me suis demandé, si ce passage était bien opportun, et il a laissé des traces, il m'a un peu hantée en pensant que, l'extrait donnait à penser que ce viol, ces violences sur jeunes filles, devaient être comprise, dans un questionnement qui n'aura de cesse d'interroger les pulsions humaines comme celles que l'on retrouve dans les guerre, dans le visage de l'homme qui témoigne que l’Afghanistan est un champs de bataille, un zapping, que c'est une folie humaine déferlante, prégnante de traumatismes, aussi bien et non seulement pendant la guerre qu'après, quand c'est terminé, quand les corps doivent retrouver ou perdre la mémoire, quand les témoignages sont diffusés, quand, le travail ne peut plus s'arrêter au constat et quand il faut regarder les faits en face avec les implications et les responsabilités. Et que cela va encore durer des décennies, cette empreinte. Et qu'il n'y a pas pire que les cons capables de vous dire : putain, j'aimerais pas être à ta place. Le summum.

Toujours la même chose, jamais les mêmes histoires. et comment transmettre cela, comment en parler, comment en tirer quelque chose ?
C'est en écriture. Work in process. A venir.


En attendant, je déplore et condamne tous les traducteurs de ne pas pouvoir disposer d'une traduction de la biographie de Blondie. L'appel est lancé. (Je ne porte pas de frange, je le jure). Here.

Sinon, j'ai très envie de lire Profession du père de Sorj Chalandon. Et, je n'ai pas tellement envie d'expliquer pourquoi.

Quelqu'un qui ne m'aime pas m'a offert Ce qui a dévoré nos cœurs de Louise Erdrich, avec un petit point rouge derrière le livre de poche qui cache le prix indécent, ça m'dit que dalle.

Sinon, vous connaissez Brauner ? D'enfer. Fall EDITION, Alain JOUFFROY : Victor Brauner.

Ett puis, je en vous parlerais pas de Romain Slocombe, Un été Japonais.(sur 4 tomes, prem's en cours) ni de Romain Slocombe. En revanche, j'irais voir Miss Hokusaï. Qui ne connaît toujours pas Un été avec COO ?


Un encas, en cas d'accident nucléaire, voire pour tous autres cas :  Le Zen macrobiotique ou l'art du Rajeunissement et de la longévité, Georges OHSAWA, NYOTI SAKURAZAWA.  Si vous mangez trop de Yin, vous serez trop Yin et si vous êtes trop yin, rien ne va plus. Pour tous les yang, aussi.


Sinon, rien à voir mais j'adore Audrey Lamy : j'ai pensé qu'il était bon de le dire. Je suis sûre que j'ai bien fait.



Et BA, de Didier ACKER. On en reparle ?

Bientôt.