dimanche 18 décembre 2016

De Facto

1 - Les mécanismes sont. Tu es. Vous faites partie du même environnement. Ça existe ensemble de façon indissociable. Ce qui ne veut pas dire inévitable : on peut prendre conscience de cet état et tenter de l'amender.

Repérer les mécanismes, les voir est aussi une bonne façon de pouvoir s'en dissocier. En même temps c'est un poste d'observation à hautes tensions.


2 - Comprendre implique savoir, consciemment ET inconsciemment. Cette compréhension et le fait qu'elle se bâtisse en continu implique bien entendu que tu sois et acteur et théâtre.

La compréhension ne sert peut-être à rien : tu comprends mais comme tout change, si tu es vraiment là tu ne te sers plus de l'acquis. Ce qui est engrammé se délite, se défait, les distorsions explosent et tu obtiens l'essentiel, le vrai contact

3 - L'inconnu n'est pas ce que tu ne connais pas, c'est juste ce que tu n'as pas encore compris tout en étant en mesure de l'envisager. Ce que je veux dire c'est que tu sais qu'il y a des choses que tu ne connais pas. Tu les vois. Mais, les voyant, tu sais que tu es en mesure de pouvoir les comprendre.

Ce qui est inconnu est ce qui est inconnu : c'est ouvrir, be open, c'est sans attente, quand tu peut-être sans aucunes attentes vis à vis de quoi que ce soit et que tu prends ce qui vient à toi, tu peux t'attendre à 1000 surprises ou peu être rien : tu ne sais pas, tu est chasseur, guetteur, tu es attentif à ce qui va se produire en tout et là : tu ne sais toujours rien. C'est à ce moment-là que quelque chose d'important peut se produire. et peu importe si c'est bien ou mal. Il ne s'agit pas de se faire mal ou d'être dans la douleur, volontairement, ni même d'accepter d'être malmené. C'est à partir du moment ou tu peux accorder ton attention aussi à la souffrance, si elle est là, que les cadeaux d'une ultime beauté, parfois très simples peuvent arriver jusqu'à toi.

4 - L'inconnu est très différent de la vraie surprise: l'inattendu. La rencontre avec ce qui est sur le moment inconnaissable.

L'inconnu et l’inattendu flirtent quelque peu pourtant. Les jeux de paroles et de textes n'ont presque plus de sens non plus. L'accès réel est multiple et si tu en as déjà exploré quelques uns des plus merveilleux, le plus important est que tu ne sais pas ce qui peut advenir. C'est l'attention qui va te mener vers. Parfois vers rien du tout et cela tu ne peux pas le savoir à l'avance, parce que tu ne sais rien de ce qui peut se produire. Malgré l'analyse des prospectives. Bien qu'on puisse frôler et arriver à des concepts plus ou moins attendus et possibles. Quand tu ne t'attends à rien : tout peut vraiment s'ouvrir au maximum des possibilités. Lesquelles arriveront : tu ne sais jamais. Ce n'est pas exactement une question de volonté. Car la volonté serait comme reliée à la tentation du contrôle et le fait de faire des efforts pour arriver à ce qu'on veut. Néanmoins, les efforts restent nécessaires.

5 - Pour moi, un happening, c'est l'expression de la réalisation du moment où l'inconnaissable devient compréhensible. C'est l'expression d'un instantané personnel, intime, et, étymologiquement, transcendantal.

OUI. Pour, seulement ce que j'en connais aujourd'hui. Demain qui sait ?

6 - Cet instant n'est pas une singularité qui commence par se nourrir d'elle même puis du reste de la causalité. Cet instant est le fondement d'une remise en question personnelle et fondamentale.

Pas nécessairement, je crois. En même temps si tu ne cherches pas et ne te mets pas dans la capacité d'accueil à ce qui arrive à toi... Les causes ne s'effacent pas. Parfois la remise en question personnelle et fondamentale n'est même pas nécessaire : nous ne le choisissons pas. Mais si tu ne provoque pas, tu ne risques rien, à aucuns niveaux. Et si tu ne peux pas risquer, le voir. C'est pourquoi nous devons nous réjouir de toutes nos erreurs, de toutes nos relations manquées, de cet ami perdu : car tout est là pour nous. Merci pour cette séparation, merci d'être séparé de quelqu'un qu'on a profondément aimé.

7 - Je suis intimement convaincu que certaines expériences ne peuvent être partagées (et partant intégrées) que par ceux qui les ont vécues. On peut tenter de faire sentir, de faire ressentir, d'approcher, mais ça reste loin de la réalité personnelle. Pour ne pas dire fondamentalement différent.
Ça peut te fournir un cadre qui te permet de faire passer certaines expériences de la surprise à au connaissable, mais sans aucune garantie. En d'autres mots : à la limite, on ne peut partager significativement que sur la base d'une expérience commune. Faute de, on ne peut que partager ses peurs.

Même si tu as partagé un moment en commun il ne peut être le même, à moins d'être complètement branché sur la même prise. Dans la présence tu t’abandonnes exactement à ce qui peut advenir. De façon collective beaucoup sont tentés de se raccrocher ensemble sur ce qui peut être violent, faire violence et encore plus sur les peurs multiples et là colère : ensemble ou seul la peur si elle doit être éprouvée peut amener à ce que tu sois ensuite dans cet état de présence en toi même et aussi collectivement, parce que tout est collectif. De facto.

Collage, participation fortuite d'Albain de Saint-Martin

samedi 17 décembre 2016

OUI !

- Qu'est-ce que tu fous ?
- Je regarde le mur
- Viens on sort
- Nan
- Putain mais viens ! Viens on sort.
- Faire quoi ?
- Ce que tu veux
- Je lis
- Tu lis quoi ?
- Critique de la raison pure
- Tu déconnes ! T'en es où ?
- Première phrase
- Ah la vache, allez, viens on sort, ça te fera du bien
- Du bien ?
- Oui
- Faire quoi ?
- Manger
- Je préfère..
- Oui, on sait : baiser. Mais ça fait déjà trois jours qu'on est au plumard.
- Faut bien ça...
- Tout à fait d'accord mais là : pause.
- Non, j'ai les boules
- Ah bon ? Non mais arrête allez, tu viens et ouste on y go, j't'emmène et j'ta demande pas ton avis : descend de la Mezza tout de suite sinon je monte
- Montes, mais tu risques de pas redescendre
- Ah oui c'est vrai. Bon dis-moi pourquoi t'as les boules ?
- Kateb Yacine est mort
- Putain mais merde ça fait au moins 7 ans !
- Oui mais je viens de l'apprendre
- Tu crois pas que tu devrais aller voir un psy ?
- Y sont tous tarés
- Mais arrête un peu tu sais bien que tu pourrais vraiment en trouver un un plus taré qu'un autre, qui te comprendrais.

 Dieu du ciel : elle rit ! Descends !

- Allez, mets ton petit foulard, tu seras bien
- T'es sûr ?
- Mais oui !
-Vraiment bien ?
- Je commence à en avoir marre de tes petits tailleurs à la con

- Tu fais quoi ?
- Je mets de la musique en t'attendant
- Quoi ?
- Comelade
- Oh il me fait chier celui-là
- Tu nous diras c'qui t'fais pas chier hein ? Quand tu veux !

- Là : ça va ?
- Tu es super avec ton chapeau, et le foulard qu'un mec génial t'a offert te sied à palir : seulement putain de merde : mets autre chose : sinon on va se faire remarquer.
- On fait quoi ?
- Je sais pas : on choisit sur la route
- OK
- T'as les clefs ?
- Non perdues
- T'as de la chance : j'ai retrouvé les miennes
- Les miennes tu veux dire. Je mets du rouge à lèvres ?
- OUI !

A cause de tes yeux

- Qu'est-ce que t'as à être toute blanche ! Mais entre ! Tu réponds pas ? Mais pas parole mais tu tiens plus debout ! Attends, viens, je ferme la porte. Je t'emmène sur la Mezzanine ? Douche ? Tiens, tiens attends, bouge pas attends j'arrive. Mais tu tiens plus ! Bordel mais ou est-ce que sont les serviettes ? Dans la machine ! Attends attends, voilà. Viens montes, je te tiens. Putain de Dieu qu'est-ce qui s'est passé ?! Tu pleures ? Attends, mets ton bras là, vas-z'y, tiens, ça va la température ? C'est trop chaud ? Tu peux pas parler, hein ? Attends attends, viens viens descends, reste dans mes bras, pose tes pieds sur les miens, je t'emmène sur La Mezz, accroche-toi un peu quand-même, merde tes cheveux sont mouillés, ça coule partout. Viens, là, allez, je suis là, montes doucement, attends attends, je te mets un deuxième oreiller, tu le veux où ? Sur ton ventre, ok. Viens, attends, je rentre dans le lit, pose ta tête là, voilà, sur mon épaule, mets tes jambes là, viens, allez, on bouge plus, hein ? Tu vas dormir un peu, tu veux du thé ? Regarde-moi : nom de dieu mais qu'est-ce qui s'est passé ? Pleure pas, pleure pas. Pleure, si pleure, pleure tout. Allez, c'est fini, respire, je vais te faire un thé, un thé brûlant, hein ? Ton doudou va te faire du thé, regarde-moi ! Regarde ! Hey, tu t'évanouis ! Ouvre les yeux ! Voilà, respire, tiens fais comme-moi, ah y'est, attends je vais te ramener un truc, merde merde, y'a plus rien, du miel ? Attends je te fais un thé blindé de miel qui tue. Ferme un peu les yeux, respire, reste allongée, je reviens dans 3 minutes ok ? Tu m'attends hein ? Attends-moi,, je speede. Attends je vais te sécher les cheveux, tu veux pas ? Tu veux  ? Tu veux un pull ? Qu'est-ce que je te ramène ? Attends, Tu m'entends ? Je suis devant le frigo ! Reste éveillée ! J'arrive ! Non de dieu, je sais plus ou j'habite. Chez toi ? Attends, voilà tu vas voir, là, je pose le thé. Attends je monte. Viens, redresse toi-un peu, merde, j'ai pas pris la petite cuillère, attends attends moi. Hop, c'est bon, tiens, voilà, tiens, c'est bien chaud, c'est bon ? Tiens regarde, je t'ai acheté un foulard, tiens, tu te veux que je te l'mette. Ok, soulève-toi, non tiens roule, roule un peu, t'as vu ? Voilà, il est pour toi, il est bien ? T'es bien ? M'écoutes pas, m’écoutes pas, viens dans mes bras, voilà. Toute nue avec un foulard rouge et des roses oranges, t'es super. Tu sais que j't'adore, hein ? Tu le sais ou pas ? Comment ça non ? N'importe quoi ! Viens, viens. Serre toi contre moi, dis, rien, tu réponds plus ? Tu peux rien dire ? Qu'est-ce qui s'est passé alors ! Pleure, pleure, putain de merde, je comprends rien. Tu dis rien, reste contre moi, on parle plus tard, hein ? Ou on parle pas, hein ? On fera tout ce que tu veux, ok ? Tu me diras, hein ? Allez voir Casque d'Or ? Tu l'as jamais vu ? Je t'envie ! Non, non pardon, merde je dis plus rien, viens on dors un peu, on sera tranquille, il fera bientôt nuit, hein, serre toi contre ton doudou. Je suis pas un super doudou ? Pourquoi je suis avec toi ?

jeudi 8 décembre 2016

Haut Bas Fragile, Alors ?

- Bon alors tu viens ce soir ?
- Non
- Allez, je vais te présenter
- Pour quoi faire ?
-PFFFFFFF
- C’était qui la meuf qui te regardait comme un épagneul, hier ?
- Bah, une ex
- Elle est pas mal, hein ?
- Ouais, mais elle était encore mieux avant
- Avant quoi ?
- Quand on était ensemble
- Sympa !
- Ouais assez
- Donc c'est une ex récente ou désuète ?
-
- T'as du mal à répondre vite : tu me diras avec qui t'as pas baisé ? Et avec qui tu baises encore, au fait
- Je baise moins depuis un moment
- C'est curieux parce que moi c'est de plus en plus
- Hein ?!!! Avec tes mecs de droite ?
- Tu crois que j'ai envie de passer mes soirées avec tes ex ?
- Je me doute que non
- Tu te doutes mais : super bien !
- Oui mais toi tu doutes de tout
- C'est toujours mieux qu'avoir des certitudes
- T'es sûre ?
- Bien sûr que non ! enfin ça dépend des heures
- Tu vois bien...
- Pas si mal
- Je ne peux pas effacer mes Exs
- Tes EXXXS : Faut voir si c'est vraiment liquidé ou non, sinon je me calte, point.
- Le ciel est bleu
- Génial !
- Allez viens, on sort, il fait beau, fait pas la gueule, en plus j'ai un truc à t'offrir
- Et s'il fait beau ça veut dire qu'on doit être bien : n'importe quoi
- Godard
- Arrête ton cinéma
- Allez viens on sort
- Nan
- Viens on va faire un tour chez Anton ?
- J'aime pas ton pote.
- Pourquoi ?
- J'aime pas comme il me regarde et en plus il est barbu, et jaloux
- Mais putain ! qu'est-ce que ça peut foutre qu'il soit barbu ? Jaloux de quoi ?
- Devine...Et barbu égale n'a pas pas été respecté par les femmes
- Euh seconde psy ? Donc s'il n'avait pas de barbe tu viendrais ? Je vais lui dire qu'il se rase alors ?
- Si t'es un vrai pote, tu devrais lui dire : d'ailleurs il serait largement plus baisable du coup
- C'est Bon ! Super : je lui dit RIEN au cas ou il devienne trop baisable ! Merde ! t'es chiante. Qu'est-ce qu'on fait alors ?
- Moi je vais au ciné, toi tu fais ce que tu veux.
- Un jour de plein soleil ? Tu vas voir quoi ?
- Comment je me suis disputé ma vie sexuelle
- Oh non, pas ça, ça va me foutre les boules
- C'est pour ça que j'y vais toute seule
- Non je veux venir avec toi
- Voir quoi ? Et sinon tu fais quoi ? Tu vas voir ton ex ?
- Tempête dans un verre d'eau, c'est un bon titre !
- Non, vas le voir avec une ex, tiens ? ça te fera une extension.
- Mais arrête, j'déconne... on va voir Pasolini mort d'un poète ?
- Bof
- Pasolini bof ! Tu déconnes ou quoi ?
- Non, ça sert à rien de voir Pasolini
- Tu me tues
- Fourbi ?
- Bof, c'est un film de meuf
-N'importe quoi ! Irma Vep ?
- Mouais
- Mouais ou oui ?
-  Plutôt Hommes femmes mode d'emploi pendant qu'on y est?
- Hors de question, j'y vais toute seule si c'est ça
- T'étouffes pas ! Mais j'déconne !
- Consentement mutuel ? ça nous changerait ?
- ça va pas non !
- Haut Bas Fragile, Alors ? Dernière proposition.
- Ouaisssssssss ! SUper !



Quoi ?

- Tu lis quoi ?
- Calaferte
- Lequel ?
- La mécanique des femmes
- Mouahahaha
- Bah et toi, tu lis quoi ?
- Freaks Brothers
- M'aurait étonné, tiens.
- Bon.
- Bon quoi ?
- Tu me laisses lire ?
- T'as plus envie de baiser ?
- Si, mais pas avec un mec qui lit Calaferte
- Mais arrête ! Tu l'aimes bien en plus
- Justement ça sert à rien d'avoir trop d'accointances : on sait jamais
- T'es chiante
- Ah bon ?
- Mais arrête de t'marrer, merde
- Et toi t'as pas faim ?
- Bon : arrête !
- C'était comment ton film hier ?
- Quel film ?
- Chacun cherche son chat...
- Nul.
- Comment ça nul ?
- La bande annonce est meilleure que le film.
- Anton m'a dit exactement la même chose.
- Si Anton l'as dit ...
- Tu l'aimes pas, hein ?
- J'aime pas les mecs de droite sauf pour baiser
- Quoi ?
- Bah oui, c'est comme ça : les mecs de droite baisent mieux
- Non mais t'es pas possible, t'es de droite ce matin ?
- Ou alors les petits mecs qui n'ont l'air de rien : voilà ce que j'aime bien
- Hein ???
- Oui, tu sais, des mecs qui s'la raconte pas quoi
- Y baisent mieux peut'être ?
- Evidemment ! Super bien.
- Tu m'échappes
- Bien vu
- Et qu'est-ce qu'ils font de plus ?
- Je sais pas : faudrait qu't'essaye
- Mais c'est bien sûr ! allez parle !
- Je sais pas moi, ils font des trucs comme personne
- Quels trucs ?
- Des trucs de ouf mais pas par ambition
- T'en connais beaucoup qui baisent par ambition ?
- Un paquet
- Tu les as essayé ?
- Je les évite si possible
- Et moi j'ai de l'ambition ?
- Bah non aucune, c'est bien l'problème
- Faudrait savoir ?
- C'est bien ça
- Tu me classe dans quoi ?
- Bah inclassable, mais en dessous des mecs de droite.
- Putain !
-Arrête de jurer.
- C'était bien hier ?
- Non complètement nul.
- Bon ben viens, on recommence alors.
- Ouais dac !







samedi 12 novembre 2016

mercredi 9 novembre 2016

I lose my voice

1 - Les mécanismes sont. Tu es. Vous faites partie du même environnement. Ça existe ensemble de façon indissociable. Ce qui ne veut pas dire inévitable : on peut prendre conscience de cet état et tenter de l'amender.

Oui, donc, ils sont toujours présents, jusqu'à un certain point, jusqu'à un certain moment, ces mécanismes : jusqu'à ce que tu les repère, jusqu'à ce que tu les identifie, jusqu'à ce que tu t'y vois, avec la bienveillance la plus exacerbée, pour toi-même, et pour les autres. 

Le témoignage de Louise Deluermoz est précieux et poignant. J'ai du m'arrêter dans la lecture. Et, c'était bien pour moi d'être contactée par cette émotion, même si je n'ai pas pu faire autrement que de la stopper : le désir du contrôle. 

Il n'y à rien alors à amender, si tu es simplement présent à ce qui se produit. 


2 - Comprendre implique savoir, consciemment ET inconsciemment. Cette compréhension et le fait qu'elle se bâtisse en continu implique bien entendu que tu sois et acteur et théâtre.

Oui. Un peu

3 - L'inconnu n'est pas ce que tu ne connais pas, c'est juste ce que tu n'as pas encore compris tout en étant en mesure de l'envisager. Ce que je veux dire c'est que tu sais qu'il y a des choses que tu ne connais pas. Tu les vois. Mais, les voyant, tu sais que tu es en mesure de pouvoir les comprendre.

Les scories, et : s'ouvrir à l'inconnu

4 - L'inconnu est très différent de la vraie surprise: l'inattendu. La rencontre avec ce qui est sur le moment inconnaissable.

L’inattendu inconnu attends peut-être au détour de ton chemin

5 - Pour moi, un happening, c'est l'expression de la réalisation du moment où l'inconnaissable devient compréhensible. C'est l'expression d'un instantané personnel, intime, et, étymologiquement, transcendantal.

Oui !

6 - Cet instant n'est pas une singularité qui commence par se nourrir d'elle même puis du reste de la causalité. Cet instant est le fondement d'une remise en question personnelle et fondamentale.

Il peut ne rester que l'instant, n'est-ce pas ?

7 - Je suis intimement convaincu que certaines expériences ne peuvent être partagées (et partant intégrées) que par ceux qui les ont vécues. On peut tenter de faire sentir, de faire ressentir, d'approcher, mais ça reste loin de la réalité personnelle. Pour ne pas dire fondamentalement différent.
Ça peut te fournir un cadre qui te permet de faire passer certaines expériences de la surprise à au connaissable, mais sans aucune garantie. En d'autres mots : à la limite, on ne peut partager significativement que sur la base d'une expérience commune. Faute de, on ne peut que partager ses peurs.

Et même, partager les peurs c'est quelque chose aussi

Les Inrockuptibles du 26 octobre au 1er novembre 2016
Collage, participation fortuite d'Albain de Saint-Martin

dimanche 6 novembre 2016

José, Évidemment

- T'écoutes Chopin ?
-Ouai
- Tu pourrais pas écouter Bach ?
- Il m'fait chier
- T'es vraiment impossible
- Tu veux que j'te mette Einstürzende Neubauten ?
- Ca va pas non !
- Non, pas trop et toi ?
- Moyen
- On mange ?
- Nan, on baise
- J'ai faim
- Si on mange on aura plus envie de baiser : donc on ne mange pas
- J'peux pas baiser quand j'ai faim
- T'as si faim qu'ça ?
- Un peu ouai, on mange quoi ?
- Rien
- Je mangerais bien des nems avec de la vodka
- A la trempette ?
- Arrête !
- Avec des cerises pour le désert
- Hein ?
- Des cerises en plein hiver ?
- Et bah ? Allez viens ! Que'est-ce tu fais ?
- Tu vois bien que je lis mais j'ai envie de baiser, pas de faire la bouffe
- Qu'est-ce tu lis ?
- Viens dans le lit, je vais te montrer
- Montrer quoi ?
- Bah ce que je lis
- Dis ?
- Interdiction d'être habillé dans le lit
- Je suis sur le lit
- T'es sûr ?
- Montre alors qu'est-ce que tu lis, et puis on va manger
- Le livre est sous les draps
- Tu lis sous les draps ?
- Évidemment !



samedi 29 octobre 2016

José après demain

- Hey, t'as vu l'heure ?
- Bah non, j'ai perdu ma montre
- Tu veux dire que t'as perdu MA montre ?
- Bah ouais
- Super
- C'est pour ça qu'tu m'réveilles à 5 heures ?
- Tu m'offres un café ?
- A 5 heures du mat ? tu réveilles pour boire un café ? Tu déconnes ou quoi ?
- Allez viens m'ouvrir !
- Nan !
- Allez, viens m'ouvrir, j'ai envie d'dormir avec toi.
- Pas moi, j'dors avec le keum d'hier
- Tu déconnes ou quoi ?
- Baaah oui.
- Bon, tu m'laisses dormir, je m'lève dans 2 heures, t'empiètes sur mon sommeil
- J'ai des trucx à t'raconter
- J'm'en fous
- Allez laisse-moi entrer
- José t'es dans la chambre et tu es rentré avec TES clés
- J'ai les clés ,
- Non, t'es rentré par la fenêtre
- Ah ouaiiiiiiiiiis !
- T'as fait quoi ?
- Bah j'ai été à la bibliothèque
- Tu déconnes ou quoi ?
- Non !
- T'as passé la nuit à la bibliothèque jusqu'à 5 heures du mat, y t'ont ouvert la nuit ? Tu m'fileras l'plan
- Mais non mais c'était hier
-Tu vas remonter jusqu'à quand ?
- bah hier...
-C'est pour m'annoncer quoi comme plan ?
- bah rien, oh, espèce de jalouse
- ça promet
- Donc tu sais pas quoi !?
-Bah nan
- Bah, je vais à la bibli, cool
-Toujours cool
-Rhô....., bon j'étais hyper bien
- Super
- Bah pour une fois
-Ouais c'est sûr
- Bon, j'ai rendu tous tes livres !!!
- Tu veux dire les livres que t'as pris sur ma carte
- Bah ouais
- Qu'est-ce qu'il t'a dit l'mec
- C'était une meuf
-Elle était bien ?
- Bah, elle à eu un doute quand elle à vu ton nom, ça l'a déstabilisée, tu sais une petite meuf super sympa mais un peu timide, j'aime bien
- Bon, bah c'est bon !
- Euh presque !
-Jeeeeeeeeee DOOOOOOOORS
- Pourquoi tu m'réponds alors ?
- Parce que j'ai un peu envie d'ba
-Bah voilà, alors écoute...
- Faut que j'técoute ?
- Ouais
-Passe moi une clope
-J'en ai plus
-PFFFFFFFFF
- Tu veux un petit kawa ?
- Au lit ?
- Bah, euh ça s'ra plus pratique pendant que j'dors jusqu'à 7 heures : je m'e fais croire
-BOn OK
- Dépêches-toi, s'tpl
-Hay tu dors ?
-Oui
-Donc,
- Et le sucre ?
-Y'en a plus
-Sup'
-De co ?
-Qu'est-ce t'as foutu alors ?
-Je crois que j'm'endors
- 6h30, super : on s'voit s'soir ?
- Tu rentres à quelle heure ?
-Je rentre plus
-Tu déconnes ?
-Non, j'découche
-T"es fâchée ?
-Non pas du tout je suis partie pour 10 heures, multiplié par 10 pour la nuit, je rentre dans 20 heures
- Tu vas pas m'laisser tout seul aussi la nuit
- si toute les nuits
-Arrêtes !
-Non, et j'vais
-Non, non arrêtes, reviens c'soir, tu m'manques
-C'est pour ça qu't'es pas là quand j'rentre ?
-Bah oui, un peu
-Tu t'fous d'ma gueule ?
-Bah non, t'as pas vu qu'j'suis accroc
-Non
-Arrêtes, viens m'embrasser
- En plus MOI j'dois t'embrasser !
-Allez, viens
-Ok
-Qu'est-ce tu fais ?
-Bah je m'recouche
-Arrêtes, faut qu't'ailles bosser
-Pendant qu'tu dors ?
-Bah oui !
-Bon, j'me trisse
-Hey tu reviens à quelle heure ?
-J'reviens plus
-Bon bah laisses moi les clés alors !
-Nan, j't'enferme
-Arrêtes ! Je serais là quand tu rentres
- Tu crois ?
-P't'être
-J'ferme les deux verrous
-Tu déconnes !
-Ouais
-Laisse-moi les clés !
-Putain José t'as les clefs, t'as les clefs !
-Ah oui ! Bon, fais pas trop d'bruit, alors, j'suis crevé



vendredi 28 octobre 2016

José

- Qu'est-ce tu fous José avec mes lunettes de so ? 
- J'ai été voir Nico
- Alors ?
- Ça m'a démonté
- C'est pour ça qu't'as fumé toutes mes clopes ?
- Oui
- Tu fais chier
- Fais pas CHIER, je te dis que ça m'a retourné
- Evidement tiens ! Tu pouvais pas m'attendre ?
-Ca me fais chier d't'attendre
- Tu t'es fait un cinoche en lunette noire, clando ?
-Bah ouais.
-Putain t'es chiant : je voulais l'voir avec TOI.
- Nico,
-Elle était bien ?
- Oui
- y'avait quoi dans la bande originale
-Rien d'original, velvet, machin
-C'était bien ?
- Bah ouais !
- Tu veux pas m'dire ? Pourquoi tu fais cette tête là ?
- Rien
-Dit !
-T'as les mêmes seins que Nico. 
- Ah ouais ? 
- C'est pour ça qu't'as les boules ?
- Bah ouais. Pis, elle était. Mal quoi.
- Bon, bon, viens là
- Arrêtes tu vas me faire bander, attends que je revienne
- Tu vas nous chercher des clopes ?
- Tu nous fais à mange alorse ?
- Des Carbona'rache ?
- Ouais
-Espelette ?
-Ouais
-T'as pris quoi pour s'soir ?
- Rien
- Putain !
- Bon, j'y vais
- Tu prends du vine alors ?
- Dac

mardi 26 juillet 2016

J'ai bien crû te reconnaître, tiens. Comme quand dans ce port, je savais que t'étais là. Je te sentais, j'ai tourné alentour tous les voiliers, j'ai crû que je devenait folle, mais comment c'est possible que tu viennes exactement là ou je suis à 400 bornes, sans savoir du tout ou je me trouve ? C'est pas possible, c'est pas possible, mais non, arrête d'y penser, c'est Pas Possible.

Et si, tu étais là.
Évidement.

Évidement quand c'est fini, c'est plus la peine, c'est fini. Je suis hermétique, pour qui ne sait faire. Je ferme toutes les entrées, ça marche très bien généralement sauf, quelquefois. C'est toujours qu'au bout d'un moment, au moment ou, quelque chose revient, la vague est passée, et là, c'est toi, te revoilà, tout à coup me regrettant chèrement, et moi... Il n'y a pas de voiliers, là. Mais je le sais. J'en reviens pas, ce que ça me fait. J'avais jamais ressenti ça. A croire que j'ai droit au crescendo. Je t'ai écris des trucs cette nuit. Je me suis rappelée de toi, quand tu te réveillais en b****** dans les draps.

samedi 25 juin 2016

OM SAMARA BIMANA SAKARA MAHA DZA OUA HOUNG

Alors n'avait aucun doute sur le fait que l'on ne puisse être responsable de ce qu'on faisait endurer aux autres que lorsqu'on était avant tout acteur principal. Il décomptait donc absolument tous les effets de ses actes pour ne les laisser qu'aux autres, ceux qui prenaient les décisions de commandement tandis que lui se suffisait à lui-même dans le champ des investigations qu'il menait pour le compte des enragés.

Le ciel était tout de noir vêtu, au point que l'on ne puisse présager de ce qui pourrait en découler ensuite. L'idée de l'effet des tremblements de terre sous-marins l'effleura. 

Tout en psalmodiant ce qui devait libérer tous les insectes tués par inadvertance, il combinait l'idée de la résolution de l'interconnexion ADN des ordinateurs avec ceux qu'il traquait. Le métier de traqueur avait pas mal évolué. Les pensées figées autour de quelqu'un n'étaient plus traitée de la même façon. On ne chassait plus les pensées préalables aux actes depuis longtemps. Tandis que beaucoup travaillaient encore sur les notions de réseaux, lui avait complètement coupé avec cette résolution. Le seuil, juste un seuil qui permette le passage possible entre les compétences et la surveillance des cibles. La tromperie était sont meilleur atout.


Avoir plusieurs années à se faire admettre pour, ...


L'atteinte des vibrations dans le corps avait permis petit à petit de faire monter le niveau de quantité de lumière émise par toute source. Afin de voir se concentrer l'ensemble de points de vie  apparaître dans une forme, il fallait acquérir cette possibilité. Cela arrivait maintenant tout autrement qu'autrefois. La césure avait été violente. Même ouvrir une quantité d'espace voulue chez quelqu'un d'autre. Pour cela il avait des stratagèmes très différents devant chacun de ses interlocuteurs. Parfois il se faisait passer pour un animal blessé, parfois pour un marchand sans concession. Ce qu'il aimait le plus était de se faire passer pour quelqu'un de bien. Quand quelqu'un devenait proche de lui au point du respect et de la reconnaissance, il avait une façon bien à lui de démonter la texture essentielle des contradictions qui empêchait les mouvements.

Avoir un objectif était donc beaucoup plus simple que ce que beaucoup pouvaient imaginer.

Calme et pondéré. Tout ce qu'il n'était pas.
Non pas lui.

Il étudiait celle-ci depuis un moment :
Une femme grande avec une chevelure d'ébène se trouvait aux abords du camps. La vision des barbelés ne l'effrayait pas. Elle en connaissaient la teneur. Une gamme d'odeurs lui parvint. Son corps était propre. Ses organes également. Tu sens bon pensa-il. 


Pendant ce temps, celle-ci qui se nommait Dextra avait infiltré le camps depuis 3 ans. Elle s'investissait considérablement et afin de répondre aux demandes d'hygiène féminine, elle découpait actuellement des protèges-slips en deux, afin de doubler sa clientèle et de rencontrer le plus de femmes possible. Nul autre qu'elle ne savait parler autant de dialectes, et nul autre qu'elle n'arrivait à donner la confiance au moins offrant afin de parvenir à ses fins. Son entrée au camps n'avait été apprécié. Elle avait été de suite suspectée étant donné un corps généreux et fort, autant en couleur qu'en forme. Ses yeux noirs intriguaient. Ils arrivaient parfois à en faire fuir quelques-uns. Néanmoins, dans la majorité des cas, elle avait la ténacité requise pour filouter le quidam, et à n'importe quelle époque. Depuis qu'elle avait appris à voler tout avait considérablement changé pour elle. Les vols lui avaient donné beaucoup de pouvoir. Emmagasiner cette énergie, elle n'en avait pas été capable tout de suite et avait eu beaucoup de mal à trouver le chemin vers ceux qui l'attendaient.  Ils étaient neuf. Le contact avec les plaintes lui avait pesé au départ. La plainte devrait rendre son i à qui de droit. Puis elle s'était prémunie des effets en restant concentrée et endurante sans répondre ni aux attaques ni aux agresseurs. En tant que femme, elle devait toujours subtiliser une part d'attention présente en l'autre pour la diriger vers un autre point. Ainsi, pouvait elle traverser le camps en invisibilité et organiser son itinérance comme bon lui semblait sans que personne ne l'entrave. Le contact particulier qu'elle pouvait émettre en effrayait plus d'un. Il fallait savoir se recroqueviller et adopter une stratégie sexuelle convaincante. Contrairement à d'autres elle envisageait les indications de qualité du mâle selon des caractéristiques de blessure et de handicap.

Il était plus aisé ensuite d'imaginer la résistance possible. Son point faible était celui d'être repérée de temps à autres pour son adaptation immédiate au milieu. Il n'était pas rare qu'elle soit enviée et dénigrée pour avoir passé un contrat ou un autre avec tel ou tel autre. Elle aussi avait passé de nombreux accords et elle était très utile pour dépister ceux qui avaient survécu dans des milieux si hostiles que cela relevait de prouesses techniques dont elle faisait commerce. Elle était une vendeuse hors-norme et pouvait vous trouver n'importe quoi dans le camps, à condition qu'on ne lui donne aucun délai.

Oui, celle-là, dit-il tout haut.



http://ici-ou-la-cela.blogspot.fr/2016/04/soit-bon-ou-tue-toi.html

samedi 14 mai 2016

IDIOLECTE : Il est inexplicable que tout à coup ce qui longtemps a été longtemps ignoré fasse surface alors avec la plus simple des violences, la plus douce des confidences, le jour d'un enterrement.

Oui. Oui, eux aussi ils ont connu ton père. Oui, ils étaient tellement proches. Non, je ne leur ai pas dit. Oui, je me suis dit : je ne leur dit rien. Je ne leur dit rien. Je leur dirais  : quand il sera mort.


Ils étaient choqué. Des amis de la Famille. Tu vois : un homme comme lui... Incroyable : personne ne pouvait y croire. Je leur ai dit : si vous saviez !!! J'ai attendu : j'ai attendu qu'il soit mort. Je leur ai dit : si vous saviez ! Ils ont su qui tu étais...


C'est pour cela qu'ils me regardaient tous par en-dessous avec un air attardé et concupiscent ?









jeudi 5 mai 2016

ALORS. Soit Bonne Ou Tue-Toi

Envoyer de très belles fleurs à sa mère à chaque anniversaire; des chrysanthèmes, oui, afin de lui rappeler combien il l’aimait, dans les tons les plus mauves délavés, à moitié pourris car récupérées dans un cimetière peu fréquenté ou l’absence de gardien lui permettait de le substituer sans risques d’être soumis à la honte de profaner les non vivants, un point de vue peu défendable auprès du commun des mortels selon lui: elle pourrait aisément les replanter dans le jardin, et comme elle était née en automne, les lui offrir vifs et brillants n’avaient aucun intérêt puisque l’hiver arriverait immanquablement, aussi il salivait à l’avance de les savoir voués à la décomposition rapide, le sujet le plus important de ces recherches, le stade le plus aimé de ses expérimentations et de ses amours temporaires, avec la musique et la transmission des renseignements : une activité que personne ne pourrait jamais supposer venir de lui. Il trempait dans les bas-fonds, tout en étant un enquêteur hors norme et un personnage utile pour faire horreur à la gent féminine, même celle d’une prostitution peu regardante à la clientèle, et bien sûr, alignée sur les prix les plus bas. Ce matin là, il s’était félicité d’avoir pu la veille, obtenir une pipe négociée à 30 euros, un prix qui lui apportait pratiquement autant de jouissance que la nature de l’acte en lui-même, bien qu’il eut regretté que la fille n’y ait pas mis un peu plus de cœur alors qu’il avait quand même fait l’effort de se laver un mois plus tôt, pour paraître plus convenable à ses yeux. Du moins un peu plus que pour la dernière fille fréquentée, ce surtout pour pouvoir obtenir une remise fort méritée de son point de vue : toujours radical en matière de goûts.
De plus, le chrysanthème était aussi anti insectes, donc, il préférait les destiner à sa mère : garder les bêtes qui vivaient chez lui en vie et en vie puisqu'ils cohabitaient intimement et d’un commun accord qu’ils se rendaient les uns, les autres. Il avait même tenté d’installer un vivarium, récupéré dans une benne, un peu fendu en son milieu mais parfaitement ajustable à d'autres fonctions, comme la majeure partie de ses biens, si petits fussent-ils. Certes, le vivarium était destiné aux fourmis mais il était pour l’adaptation du milieu à l’environnement et de l’environnement au milieu, aussi avait-il œuvré à la défaveur des voisins mais pour ne sacrifier rien de vivant qui l’approcha. Il partageait donc sa cuisinière à gaz avec les bestioles, ce qui leur évitaient pour la plupart de courir et de loger dans la literie :
Une literie remarquable par rapport à toutes celles qu’il avait eu jusque ici; trouvée sur le capot d’une vieille 104 bleu fagot, presque neuve et fraîchement lavée, envolée d’un balcon ou elle séchait probablement, la housse de couette avait été un ravissement quand il y avait passé sa première nuit, il en était férocement content et même fier devant les rares visiteurs qui avaient eu le droit de pénétrer chez lui : elle n’avait pas quitté son sommier depuis un an, une faveur qu’il n’accordait pas même à une femme ou une copine, car il n’était pas trop partageur. Son sommier, hélas, n’avait pas reçu le don divin de la récupération, sommier sur lequel il dormait mieux que n’importe ou ailleurs, creusé par le trou que formait son corps en son milieu, rehaussé par la tristesse d’un linge peu recommandable pour l’honorer et qu'il affectionnait : il habitait ses vêtements jusqu’à ce que mort s’ensuive et ainsi, s’en séparait uniquement avec une tristesse inouïe, et son sommier il l’aimait encore presque plus que sa housse de couette, car il était resté tel quel, emballé dans du plastique, jamais ouvert, volé dans une allée avec un de ses potes qu’il avait réussi à convaincre contre deux places d'un concert improbable d’une valeur de 300 euros. Le pote avait fini par l’avoir mauvaise car il lui avait imposé un duo mais en le lui signifiant uniquement une fois le sommier déposé devant sa porte : il fallait bien qu’il se paye lui aussi le fait de porter le sommier seul de la porte à l’intérieur de sa chambre, un studio en réalité, enseveli au point qu’il avait refusé de laisser entrer cet ami qui ne le resta pas.
Alors cultivait chaque détails avec minutie et prenait donc soin chaque matin de sortir du lit en y restant, de façon à pouvoir avaler un café noir sans sucre, encore assis dans ce lit car il dormait juste devant la vieille cuisinière qu’il n’avait jamais lavée non plus et qui était reliée à une bouteille de gaz qu’il économisait au maximum de ce qu’il pouvait, comme il le faisait avec tout ce qu’il rencontrait et comme il le faisait avec presque toutes les fonctions de sa vie.
Il ne pensait pas qu’on puisse le taxer de minimaliste : il se trouvait vernis et il savait que personne ou presque ne pouvait comprendre quel type de vernis était des plus seyant.
Certainement pas celui des plus hautes sphères.
Il était châtain très clair et il détestait qu’on lui dise qu’il soit blond, ou châtain; il fallait dire châtain clair. Personne n’aurait pu soupçonner le type de renseignements qu’il était capable de soutirer à n’importe qui, dans pratiquement tout contexte : peut-être parce que le voir subtiliser les épluchures de pommes blettes dans la cuisine d’une copine, chez laquelle il était invité pour un apéro, pour les croquer rapidement afin de ne pas les destiner aux poubelles, heurtait la sensiblerie des moins compréhensifs qui le catégorisaient aussitôt.
Parfois s’il avait le temps et toujours en lousdé, il retirait des mets insoupçonnés des poubelles qu’il trouvait subtils et merveilleux, et même découvert en train de gratter une cuisinière sale avec un couteau autour des feux et de ramasser les détritus cramés ou d’y essuyer du pain dans la graisse collée (il prenait soin de faire chauffer la bouilloire en feintant de vouloir lancer une tisane, ce qui faisait quelque peu sourire puisque le blanc était ouvert, ce avant tout, afin de pouvoir décoller celle-ci, cette vieille graisse qui selon les appartements pouvait être de putride à fraîche, en effet la décollait plus facilement que ce soit la sienne ou celle de ses amis en versant de l'eau en très petite quantité autour des feux, comme le jus d’un rôti fraîchement sorti du four, toutefois découvert et à découvert, il se tenait droit comme un empereur romain victorieux et affichait un sourire merveilleux, si bien qu’il arrivait à déstabiliser l’ennemi au point qu’il batte retraite parmi les convives, et de ce fait, évite toute discussion explicative : en effet, il semblait alors vraiment ne pas avoir pas le profil d’un indic de premier ordre, Alors. Et passait donc, une nouvelle fois, à travers les mailles du filet comme de de nombreuses autres occasions.
Après le café il attrapait la télécommande, toujours au pied du lit et ouvrait sa planche de salut : une prouesse de technicité informatique d’un mètre cinquante sur 55 centimètres, camouflée de l’intérieur d’une bibliothèque qui s’ouvrait sur codes et commandes uniquement pour son propriétaire, par résonance olfactive associée, entre autres.

C'était un vrai jour de fête, de ceux qui brûlent comme une brindille, d'un éclat qui semble particulièrement bénéfique mais qui ne dure que le temps qu'on se décide à y consacrer. Lorsqu'il est là, on ne le voit pas bien et quand il s'est en allé c'est une saveur insoupçonnée qui s'évapore à jamais, parce que le feu à brûlé si vite qu'il n'a pas pu prendre. Ou bien il nous à tellement consumé. Au fond, l'intensité semble anecdotique mais elle véhicule des particules sans querelles, sans rien qui ne puisse être aussi beau car ultime et si l'on sait s'y soumettre sans pourtant que rien de soi n'y soit soumis cela peut monter très fort et très vite et l'atterrissage n'est jamais des moindres, cela ne présage rien de particulier si ce n'est qu'à cela on ne puisse que se soumettre comme étranger à ce qui se passe à l'intérieur du corps, qu'il fredonne, somnambule, ou bien se trouve dans un silence total, une possibilité invraisemblable du manque, une disposition nouvelle à aimer les courants d'air, être agenouillé et tenu d'une main ferme, oppressante et douce.
Elle releva la tête et se trouva à l'improviste les yeux dans les siens, il la regardait sans galanterie, d'un air légèrement différent de ceux des autres, cela dura assez pour qu'elle fût envahie d'une douce lumière, elle hésita quelques secondes, intriguée de ce regard direct impressionné d'un climat calme et bienveillant effleuré d'une pointe d'observation amusée qu'elle imagina plus en lien avec ce qu'elle portait qu'elle même, n'empêche, il la déstabilisa par un accueil évident dont elle n'avait l'habitude, il y avait vraiment quelque chose de particulier au point qu'elle repensa à lui encore pendant quelques jours, juste après avoir voulu se dégager en lui faisant focaliser presque immédiatement son attention sur autre chose qu'elle, ce qu'elle savait très bien faire et au moment de sortir, alors, elle le vit en face d'elle en pleine conversation avec une petite femme brune. Ils devaient partager une certaine proximité, et elle se détourna tout en ressentant une impression qu'elle savait plus ou moins annonciatrice, tout en se disant :

- Putain, merde, fais chier.
De plus, il était grand, et avait d'la gueule. Et, elle ne se trompait que très rarement. Dégoûtée, elle tourna les talons, et détala.

Selon ALORS, la Presse féminine italienne dégommait allègrement la nature même des tentations féminines françaises proposées par journaux de merde interposés (distribuée à une population ayant souscrit des assurances  sur la décompression neuronale proche du taux moins cinq cent au dessous de zéro). Il fouilla amoureusement la cour intérieure, rayon journaux et papier, tri sélectif afin de trouver un deuxième exemplaire de celui-là qui intéresserait sa nouvelle copine, laquelle refuserait de baiser mais l'accepterait dans la maisonnée au moins pour une nuit, à condition qu'il arrive à l'entourlouper sur les motifs de son intrusion. Il se pointa à 22 heures tapante à l'appart, (avec une bouteille de vin trouvée chez l'épicier d'un coin qui faisait dans la récup de vieille bouteilles introuvables au goût car elles avaient si bien macérées on ne sait ou que cela leur conférait une note particulière, et à force de comparer le prix avec le goût, le vin finissait par être plus qu'acceptable, bon, et même presque excellent si l'on se mettait au diapason d'ALORS et de ses manœuvres dialectiques ubuesques : il était un conférencier hors norme. Quand vous n'aviez pas envie de parler, il le voyait tout de suite et soit qu'il décida de vous faire une fleur, il vous entraînait alors dans une folle nuitée, terminait les phrases à votre place, vous promenait sur n'importe quel terrain, fusse t-il totalement inconnu, sur un plateau sauvage pour un concert improvisé et évidement sauvage par un groupe de dub montant qui allait se faire fouetter de bonne musique au vent sur une chevauchée de substances illicites.), bref, pour l'heure, la fille en question failli s'étrangler quand elle vit le sourire du Chat d'Alice transparaître derrière la fenêtre de la salle à manger : ALORS était passé par la façade extérieure, premier étage car elle n'ouvrait plus la porte depuis quelques temps, et rien ne saurait jamais décourager ALORS de ses buts premiers. Elle le fit entrer, et lui passa un savon. Prenant l'air le plus abattu possible, lequel lui allait comme un gant, il lui soutira un thé brûlant et failli se retrouver dehors parce qu'il estimait que Le Yunnan n'équivalait à rien d'aussi sympa qu'un thé noir fumé, et que sans un triple, il fallait vraiment en vouloir pour la soutenir et lui tenir compagnie. 

La fille s'était amenée en milieu d'après midi, perchée sur des talons rouges qui lui allait aussi bien que si elle avait porté une cagoule en laine vert fluo sur une plage en plein soleil, elle avait frappé à la porte, le sourire accroché au visage comme sur un porte-manteau dans un deux étoile miteux repeint en laqué rouge piment déphasé et plus ou moins seyant sur les lèvres mais surtout quelque chose qui sonnait aussi bien que quand tout sonne faux. Sa jupe lui arrivait à trois centimètres de l'entrejambe : elle était passé d'un look pré adolescent à celui de quelqu'un qui semblait avoir négocié sa féminité au rabais. Néanmoins, elle affichait une condescendance qui frôlait le pseudo sympa, lequel donnait parfois le change à certains de ses interlocuteurs privilégiés. En attendant, elle regardait les autres avec une interprétation toute semblable à la prétention de s'imaginer comprendre qui elle avait en face d'elle. Un œil acerbe et crevé apparaissait au dessus d'un trait de khôl épais : elle s'entraînait à tapiner depuis moins de deux semaines. Mais deux semaines plus tard, elle aurait passé l'arme à gauche. En attendant, elle s'amusait plus ou moins à se tourner vers d'anciens amis, comme pour essayer de raccrocher. 

Il lui fendit le ventre en deux pendant que ces jambes bougeaient toutes seules comme détachées du corps, le rideau bleu l'empêchait de voir, elle n'y tint plus et s'évanouit. Elle se réveillait pourtant par à coup, et constatait que personne ne se préoccupait d'elle, ses mains étaient attachées le long de la civière, les jambes se secouaient toujours pendant que le type la découpait. La lumière était lugubre et un néon l'éblouissait. L'impuissance. Elle essaya de capter un regard mais on l'ignora. Sans doute bascula t-elle à ce moment-là :

Elle tourna et retourna son bras dans tous les sens avant de trouver la panne. Le cuivre devenait chaud et elle n'avait plus beaucoup de temps avant de pouvoir sortir de la soute. Dehors elle ne savait pas ce qui l'attendait. Elle aurait peut-être dû avertir les autres de son escapade mais elle savait qu'elle aurait aussi pu être découverte et que plusieurs d'entre eux auraient pu le regretter jusqu'à trépas. Le projet définitif n'aurait pas lieu car elle avait transformé les flux énergétiques de tous les passagers de l'avion. Ainsi ils n'atterriraient pas où ils croyaient pouvoir passer quelques jours de vacances mais dans le centre névralgique qui lui permettrait de trouver le matériel technique pour pouvoir réparer ce bras dont elle avait tant besoin. Elle avait glissé plusieurs paires de lunettes dans son sac qui lui permettait d'empêcher les passants de lire ses pensées ou de comprendre qui elle était vraiment. Le matériel qu'elle recherchait était une combinaison de nouvelles données que presque personne ne maîtrisait. Elle savait qu'il lui faudrait passer à travers plusieurs grillages qui protégeaient l'institut de recherche et elle avait déjà un plan combiné à un autre multiplié par 25 possibilités. C'est tout ce qu'elle avait pu faire. Elle avait l'habitude de leurs yeux étonnés d'avoir eu si peu de clairvoyance vis à vis d'elle car son mode de connexion avec autrui était particulier et elle ne laissait jamais quiconque voir ce qui pouvait vivre dans ses circuits. Bien sûr il avait fallu se faire admettre par la catégorie des techniciens mais elle n'avait rien fait pour. Quand ils avaient découvert de quoi elle était capable elle s'était enfuie puis avait rencontré les autres. La fuite : toujours devant et derrière elle. Son bras avait commencé à se décrocher de son corps aussi sa respiration se fit plus saccagée. Elle rampa dans le couloir et dû se décrocher d'un panneau d'aluminium qui commençait à se teinter de bleu. Elle n'eût plus le choix et se glissa en douceur dans le corps d'un jeune homme dont les connexions étaient encore soudées lorsqu'elle se rendit compte qu'elle avait complètement oublié sa caisse à outil dans la soute. Mais il était trop tard. L'avion se mit à trembler. Un frelon incorporé  parmi les passagers pour dépister les odeurs tourna autour du jeune homme mais il ne resta pas trop longtemps - pas assez pour alerter qui que ce soit. Elle pensa tout à coup à la sombre plaine qu'elle avait regardé dans ses moindres détails. Où tous étaient morts brûlés. Mais le corps du jeune homme s'agita et il se mit à tousser bruyamment. Une des tulipes rouges accrochée sur la paroi au dessous de la fenêtre de données sourit et commença à chanter. Elle était presque dévoilée. Elle profita d'une seconde d'arrêt temporel pour reculer d'un temps et retourna chercher le matos. Son bras ne tenait plus qu'à un fil. Elle se laissa guider comme il lui avait été demandé même si elle avait de la peine à laisser cette énergie s'emparer d'elle. Sans doute une autre vie. Elle s'assit sans rien dire sur un des sièges et tourna la tête vers l'homme. Son regard la brûla. Elle ressenti quelque chose dans la structure énergétique de ses corps et dû glisser ailleurs car l'alarme sonnait. Temple de Louxor entendit-elle doucement.

Elle ne se réveilla pas à l'endroit attendu. Tout d'abord exploiter le terrain. Observer. Son sommeil avait été lourd et elle s'était mal réveillée, le corps endolori et la tête embrumée. Elle eût l'impression de perdre connaissance. Quelque chose ne s'était pas déroulé comme prévu. Évidement, il lui avait laissé accès à des données et se demanda quel était son but car il ne se pouvait qu'il n'agisse sans attention dirigée. Elle avait vu le corps à ses côté même si elle ne distinguait pas s'il s'agissait d'une femme, d'un enfant ou d'un homme. Il avait perdu quelqu'un et lui avait laissé entrevoir ce qui s'était produit. En revanche, il avait bel et bien soudé les accès sensibles, qu'il ne laissait visibles en aucun cas. Une odeur de pluie et de terre lui vint. Elle ne sut pas à qui cela appartenait. Elle était encore sonnée par le voyage et son bras ne donnait plus aucun signe de sensation. Elle réalisa tout à coup qu'elle était dans le noir. C'est ce qu'elle crû un moment pour réaliser ensuite que ses yeux ne laissaient plus passer les images. Elle frissonna. Il s'agissait de laisser quelques ouvertures pour plus tard. Son bras pendait de plus en plus et sa mâchoire commençait à fourmiller. Elle se rappela une vague incantation mais ne s'y attarda pas. Elle était plaquée au sol pour changer et paniqua quelques secondes. Peur, Angoisse, Insécurité. Action se dit-elle mais elle ne pouvait se relever.

Elle se souvint du journal. Le journal qui devait la soutenir. Mais elle ne le retrouva pas dans son esprit. Curieusement lui revenait les informations données par l'homme. Il l'avait regardée sans aucune intention. Du moins c'est ce qu'il projeté. Cependant, un détail dont elle ne se souvenait pas l'avait étonnée : la brûlure dans les yeux n'était pas anodine. Seuls quelques uns pouvaient. La logique des réseaux avait tout enregistré mais ils n'avaient pas pu se saisir de l'essentiel. Ils avaient essayés de vendre des promesses de profit pour extraire ses informations de tous ceux qui étaient recensés mais personne n'avait saisi l'opportunité. Elle se demanda pourquoi sa jambe gauche lui faisait si mal. L'homme avait dû se péter la cheville dans l'accident, elle avait hérité des symptômes. Lentement la douleur remontait, son corps se réveilla très légèrement mais il n'était plus en aussi bon état que dans l'avion. 

Komme, Komme, Komme insuffla t’elle doucement dans le creux de sa nuque en glissant sous l'oreille droite jusqu'à la base du menton.

Sa jambe droite avait reçu un choc au niveau de la cheville qu’il avait eue fêlée à minima. Jambe gauche affaiblie par le poids de l’autre qu’il avait négligée. Le trajet longeait le petit doigt du pied s’élançant d’abord du talon et l’appui était porté moins facilement qu’auparavant. Son genou avait lui aussi reçu un impact léger mais qui affaiblissait sa démarche.

Son corps arborait une aube dorée tellement intense que cela touchait au point de presque faire pleurer : il véhiculait une énergie très puissante, elle sut qu’il ne pouvait l’ignorer sans savoir à quel point. Cette vibration déployait des secousses très profondes et cela permettait un changement interne déstabilisant. Ce souffle coloré lui permettait d’établir des connexions fines et particulières. Les courbes et les plis dans les tons or principalement s’ouvraient les uns sur les autres et semblaient séparés du corps mais les fils venaient s’enfiler en interne dans la tête, tout autour de laquelle des capacités à comprendre rapidement l’avaient toujours aidé.

Son humeur produisait des sons. Dans tous les cas ses mains guérissaient autant que sa présence. Il voyait évidement à travers les corps mais encore un peu plus loin, et cela ne le passionnait pas encore vraiment. Derrière son oreille droite une petite plaque rouge en croissant de lune et une résolution de traumatisme essayait de s’échapper, ce qu’il n’avait pas encore compris. Cela occasionnait des troubles qui l’inquiétaient. Ces troubles semblaient mineurs mais ils ne l’étaient pas. N’ignore pas les symptômes, il faut y faire face lui lança t’elle.

L’impact derrière l’oreille droite contournait la base de la nuque jusqu’à 5 centimètres près de l’autre oreille. Ses yeux n’avaient pas une vision semblable. L’œil droit éclairait moins bien en interne, une membrane avait été malmenée et quelques menus fils étaient déchirés de l’intérieur. Cela lui occasionnait des secousses dans la nuit. Il avait toujours crû qu’il n’y pouvait plus rien.

I don't have Boss

Nothing is against you

I do not choose

It's Not Easy

Something is going in me

And I Give

What I am

I'm Nothing

I did not want to hurt you

Maybe Something Should Emerge

Everything is ok to reach your authenticity

I know it hurts

I don't have choice

I'm not Comfortable

I'm sure you know

You have my gratitude

With you it's open

This Jerk

It's the Light

And I love this Light

Your eyes will get used

Do not be so angry, Please

Whispers : Pas prendre, Ni Donner, Recevoir, lui murmura t-il dans les yeux

Toujours couchée sur le flan, le bras et épaule n'étaient plus raccordés. Ses yeux s’ouvrirent sur une ancienne réalité. Elle voyait mal son visage. Maintenue sur un étal de fer, la pièce exiguë ne lui permettait pas de distinguer ce qui se profilait. Son corps était camouflé sous une cape foncée, ses mains étaient hantées d'un violent ressentiment. Elle vit ce qui s'était passé autrefois entre eux qui l'étreignit douloureusement. 

Elle avait passé l’arme à gauche sous une colère gigantesque. Il avait eu tellement peur et n’avait pas compris ce qu’elle ressentait car il n’avait plus aucune autre vision que celle de la trahison. Le corps allongé sur une couche très mince, dans une ambiance noire et feutrée, son corps s’élança vers l’arrière sous le tranché de sa gorge. C’est à ce moment précis qu’il vit tout son amour dans ses yeux et qu’il comprit sa méprise. Il s’effondrât.

Le désir de vivre la ranima. Coincée sous la tôle et toujours dans le noir elle essaya de se souvenir du principe de contrôle des métaux. La reliance avec les fils n’avait jamais été aisée et toujours effectuée sous surveillance mais elle était seule. Le fil bleu devait être emprunté mais en même temps il ne fallait pas non plus mettre de côté l’urgence de la quantité subtile pour que les fils ne cèdent pas sous la chaleur en emportant le reste de son corps qui aurait pu se consumer de lui même voire basculer dans un autre univers. Il ne le fallait pas. Éviter de tomber sur une marchandise suspecte et se procurer du platine à tout prix. Toute la pyramide centrale était infectée. Elle devait rendre visite à Will.

Une main se tendait vers Elle. Mais la fenêtre était floue et elle hésita. La transparence claire de la fente faisait penser à une fontaine. La circulation de l’eau était suspendue mais continuait à tourner imperceptiblement. Vorticity, Le fil bleu, Le fil Bleu se répéta-t-elle. N’oublie pas le fil bleu. A nouveau la noirceur plongea à l’intérieur de tout son corps. Elle perdit le fil de ses pensées qui s’éteignirent à nouveau dans l'inconscience.

Il était petit et ses yeux savaient inspecter tout ce qui se trouvait devant lui. Vantard, voleur, menteur, il avait l'œil pour subtiliser les âmes de qui que ce soit. il savait faire montre de vire, volte et voltages en tous sens et en toutes circonstances afin d'effleurer ses proies, les faire mûrir, les cueillir comme des jeunes pousses insensées afin de profiter sans aucune sensiblerie de ce qu'il guignait. Il avait l'œil pour comprendre assez vite à qui il avait affaire et même desservit par une stature commune et sans postiches, il plumait tout un chacun et sa chacune, œil pour œil, dent pour dent, point n'en faut de trop blanc. Grâce à l'acquisition d'un savoir faire transmis de père en bâtard ou de qui que ce soit qui avait pu être volé dans un monde ou un autre, il avait des compétences multiples en relations humanoïdes et savait transgresser ce qui devait l'être au moment opportun avec toutes les races. Ainsi se glissait il dans les portefeuilles des hommes et des femmes s'il le fallait, bimétalliste et fondeur à la fois - même si rares étaient les lits dans la configuration des lieux ou ils vivaient ; il était très au fait de toutes les manigances visant à négocier un contrat, et de ce qu'il fallait faire au lit, dussent-ils ne plus exister.

Ainsi l'eût il regrettée : il vadrouillait depuis si longtemps dans la graisse, la suie et d'autres mondes qu'il n'avait pas pensé qu'elle l'aurait quitté si vite. Elle l'avait surpris suffisamment pour qu'il eût envie d'elle mais pas assez pour qu'il reconnaisse qu'elle ne se contenterait pas de stagner où il s'était contenté de faire son trou. Cela était bien avant aujourd'hui. Des lustres temps derrière eux. Ce jour là, Il l'avait alors utilisée avec satisfaction et sans que ce soit toujours comme cela, il avait compris trop tard qu'elle ne lui pardonnerait pas et que ce qu'il avait fait ne pouvait l'être de personne. Il l'avait tournée et plaquée avec rudesse contre une plaque de métal poisseuse et coupante qui servait de banque pour toutes les transactions, et s'était dédommagé d'une obscure journée, en lui écartant les jambes avec un de ses genoux, l'avait maintenue prisonnière sous lui  et s'appuyant sur son dos de tout son poids, avait relevé sa jupe et fait glisser le tissu sur une toison sèche, soulevé les hanches puis brutalement lui avait enfoncé le cuirassé profondément en s'accrochant à ses épaules et en la baisant aussi salement qu'on puisse le faire : de force. Ensuite, il ouvrit le challenge à tout son groupe de commis. 

Elle leva la tête vers le ciel gris foncé, des bandes de bleu passantes lui rappelèrent son désintérêt soudain pour Will. Elle avait mal dans le ventre mais fit taire la douleur qu'elle arriva à faire monter plus haut dans le corps pour ne pas être foudroyée de haine et de douleur. Légèrement, elle se dissocia de son corps. Devant elle, un mur d'un beau gris foncé avec très peu de bleu, pétrole, s'effaça et laissa le ciel sublime de l'obstination à ne plus sentir disparaître. Elle vit ondoyer le grand œuvre du vent dans tous ces déplacements.

Elle n'arriva que partiellement à déambuler ailleurs, alla se coucher à plat ventre à même le sol, et dissimula cet événement en devenant assommante pour l'entourage qui était le sien et ne fit plus que décliner lentement faute de ne pouvoir se confier à personne. Après cela, elle fit barrage à presque tout ceux qu'elle rencontra ensuite.

Au bord du précipice, imbibé de cette mésaventure, elle se jura que personne ne pourrait plus l'atteindre sans même le remarquer. Les souvenirs sexuels étaient parfaitement perturbants. Elle avait bien essayé de les détruire, utilisé des armes de poing, caressé des idées extrêmes et systématiques, mais une préférence s'était exprimée : ne plus compter que sur elle.

Son désir de maîtrise l'avait amené à rechercher la pointe de l'excellence dans tout ce qu'il entreprenait. Il avait aimé une grande partie de sa vie en calquant sa vie de chercheur avec son anxiété constante qui l'amenait à développer une curiosité hors norme. Tendu comme un arc dans les circonstances de vie les plus simples, s'il se rassemblait dans son corps et acceptait les désagréments passagers provoqués par une vie proche de celle d'un marin qui naviguait de mers en eaux, il savait avoir déjà accompli dans l'instant un grand nombre de faits d'armes non négligeables et était confondu de voir que cela ne valait déjà presque plus rien au regard de ce qui l'habitait dans le moment présent. Habitué à la reconnaissance de ses pairs, la fluctuation des vents dans la vie ne lui faisait pas peur exactement mais tourmentait ses certitudes. Ainsi se trouvait-il suspendu.

Le Château Montrose n'était pas exactement sa tasse de thé, aussi ouvrit-il une bouteille de Taketsuru à l'honneur pour exploiter un plein potentiel sur ces expérimentations multiples. Il se dévêtit pour enfiler juste un jean souple et une veste blanche et confortable, débrancha son portable, s'installa derrière l'écran pour prospecter sur les idées et les nouveautés dans l'air du temps de cette soirée. Il tourna ensuite lentement la tête car l'air bruissait élégamment et la vit foncer sur lui, ne reconnu pas tout de suite qui elle était,  vit ses couleurs tournoyer et se mêler les unes aux autres, puis elle déploya ses ailes et se posa sur sa droite du côté de toutes ses certitudes enchâssées  et avança ensuite d'un pas devant lui sur le plancher clair. Médusé par sa prestance et sa proximité, il retint son souffle, et regarda l'oiseau de proie dans les yeux pendant plusieurs minutes sans que rien n'entrave leur connexion. Le changement s'opéra lentement, tel qu'il le laissa entrer en lui, et le bouleversa pour quelques temps si bien qu'il ne se reconnut plus tellement, et nombre de ses intérêts changèrent rapidement. L'adéquation avec son milieu ne se fit pas aisément, car il se mit à saisir le présent comme il ne l'avait jamais encore prit, ainsi dépendu.

La seule et unique façon avait-elle crû était de partir. S'éloigner de tout. Comme Cela, l'air de tout. Elle alluma un clope sous la douche et écarta le rideau, jeta les cendres au sol et pencha la tête en arrière, encore un peu d'eau chaude, descendit et marcha sur les tomettes rouges jusqu'à la cuisine, reprit une cigarette et l'alluma avec l'autre, mangea des nouilles, huile d'olive, ail et poivre, en alternant avec le paquet de clope entier, ce qui lui prit pas mal de temps, trouva que ce n'était pas classe, ne voulu plus regarder personne, jeta un vague coup d'œil à Brautigan* qui trainait sur la table,  laissa le monde parler et dire ce qu'il voulait sans réagir, ne voulu même pas dire pour se défendre de quoi que ce soit, entendit une petite voix lui murmurer avant de se jeter sur le lit et d'enfouir sa tête dans les bras et les draps, ainsi les larmes ne la quittèrent pas, tout le monde se détourna, sans savoir,  tandis qu'elle retournait en-elle même d'où personne ne la vit jamais, sauf bien sûr Brautigan*, qui avait écrit retombée de sombrero exprès pour qu'elle se sorte de cette mauvaise passe.*

Sous la lampe l'éclairage se fit plus insistant. Il la regarda en se demandant si toutefois il n'aurait pas dû...Puis chassa l'idée de son esprit. Il ne franchit pas encore ce seuil, se tourna vers la plante et eut envie de la foutre en l'air, pensa à l'hiver dernier et au manteau blanc de la neige qui doucement s'était infiltré dans son corps, cela avait commencé lentement comme une grenouille qui cuit à petit feu sans s'en rendre compte, la nostalgie s'était emparée de lui comme jamais auparavant,  et il avait sentit le froid. Habitué à snober ouvertement ses sentiments qu'il faisait toujours passer loin derrière, devant toujours fringant il avait avancé à l'aveugle, se dirigeant d'étoffe en étoffe, humant l'air ambiant et se satisfaisant de ce qu'il trouvait lorsqu'il avait pu s'installer dans une ville, privilégiant les soirées de son crû, il avait perdu de sa superbe puisque crûment la lumière venait contrefaire ses plans et il ne pouvait plus se planquer.

Malgré lui elle entrait subrepticement dans son corps, un corps qui acceptait moins bien la lumière que le reste, il avait mal et depuis se voyait de plus en plus touché par l'authentique, il ne voulait plus de bois autour de lui en tous cas pas  dans ces proportions rageantes, il se leva enfin pour se tirer, pria pour qu'elle ne porte pas de rouge, jeta son portable sur le siège avant avec une boite de Cohiba Behike 56 pour se rassurer, et se jura qu'il ne la laisserait pas lui filer entre les doigts car il voulait vraiment entrer enfin en contact. Pas de GPS, la clé et le vrombissement de la caisse, il partit à sa recherche. 

Il avait su qu'il devrait être patient, mais ne s'attendait pas à mettre plus de 5 ans avant que cela se produise et lorsqu'il qu'il la vit, ces années s'étant écoulées sans trop de peine dans une vie terne et cadrée, il comprit que quelque chose se produisait avant même qu'elle ne le regarde, il ne bandait pas, pas encore mais il y eut des petites danses de lumière inexpliquées autour de lui, elle,  le sentit avant de le regarder et lorsque lentement elle leva les yeux sur lui, elle fût surprise de cette attirance, elle ne comprit pas tout à fait, ne reconnu pas ce qu'elle connaissait auparavant, flippa, puis elle le regarda dans les yeux, elle ne voyait plus rien de ce qui était autour d'eux, il eut un peu de mal à respirer devant cette présence évidente, remonta d'une de ses mains ses cheveux et cala sa main derrière sa nuque puis doucement l'enserra. Sans bruit et avec force, ils s'étreignirent intimement, longtemps.

Le voile se mua en petits fragments colorés de bleu, inconscience froide et grise, elle devina qu'un pan de mémoire lui revenait par brins.

Dites moi comment voir dans ce monde étrange ? Le vent glissa sur le sol et rafraîchit tout son corps, sans motif valable. Il s'engouffra sous sa chemise, parfuma son humeur de petites étincelles furibondes qui l'entourèrent. C'était éclatant, comme il se jouait de ses sens, quand soudainement, sous ses pieds, le sol se mit à chauffer tandis que son corps héla presque le bastingage comme s'il y eut une silhouette inattendue à laquelle s'adresser. Des fils de pluie tombant du ciel, drapés de givre bleuté amplifièrent le contact sous la forme d'une cérémonie de nature à compliquer les manœuvres techniques. Il vit la couleur de l'océan dans le vortex, comme une faille dans un système logique, puis se vit et regarder la fille, et lui tendre la main.

Will se sentit mal en la voyant arriver vers lui. Il se détourna un instant et claqua la portière avant du cylindre sur lequel il travaillait avant de reprendre son souffle et de la regarder : elle était plus grande qu'autrefois.

-          Que me vaut l'honneur de ce déplacement ? Lança t-il. Elle ne répondit pas, fila vers la centrale à outils et métaux, extirpa de sa ceinture les clefs attachées à la lampe accélératrice de champs magnétique et accrocha cette dernière en son sein. Will fût médusé par une agilité qui ne sentait pas le meilleur qu'il se puisse pour ce qu'elle risquait de faire. Il avait mis deux secondes à ce que son cerveau amène la pensée à son esprit alors qu'elle penchait déjà dans un temps inférieur, du temps ou lui n'avait encore aucune maîtrise sur rien et ou elle étudiait tous ses gestes, toutes ses décisions, toutes ses angoisses et l'accompagnait partout. Mais elle déjà n'était plus là, partie en un autre temps pour récupérer les éléments d'assemblages à l'étude pour réparer son bras. Will resta marbré de bleu en voyant qu'il avait perdu deux outils en moins de temps qu'il ne le fallût à un capteur chimique pour repérer un système complexe défectueux. Pendant qu'il se produisit un vent qui ensevelit de poudre noire l'antre de Will et tout alentour, elle se préparait à mettre en œuvre des techniques sur la conductibilité de l'ADN non encore observables afin de réparer autre chose que les hélices défaillantes de surcroît, tout au moins les liaisons hydrogènes tout au plus les fils qui se devaient d'être connectés sans être repérés.

Dans le couloir exsangue et dénué de toute sortie, il fallait se faufiler.

Mata gambarimashô Né

La fournaise était infestée de petites diodes orangées.

Dô suru ?

Le mot japonais "haï" est une réponse qui veut dire "J'ai bien entendu ce que tu m'as dit".




Le néon lui rappela par intervalles lumineuses de conscience qu'alors, elle devrait manifestement chercher de l'aide.




Platsch :
**retombée de sombrero traduit de l'américain par Robert Pépin