mardi 26 avril 2016

Mam'ORQUE ! Je voudrais bien faire un IGLOO.

- Tu vas mourir bientôt, ALorS ?
- Je ne veux PAS.
- Qui va s'occuper de moi si tu meurs ?
- Est-ce que c'est moi qui vais hériter de tous tes biens ?
- Même ton lit ?
- Et j'irais où ?
- Ah oui.
- Tu as des cernes. Tu vois là, dessous. Et des rides.
- Oui c'est vrai tu es encore vivante.
- Tu as quel âge déjà ?
- Et ben.
- Tu pourrais pas t'acheter une crème pour faire 20 ans de moins ?
- T'as pas envie de faire 20 ans de moins ?


Mam'ORQUE !
- A l'attaque !  Voilà le vaisseau fantôme à l'assaut !
- Ça ne te plait pas d'être attaquée par un vaisseau Stars Wars ?
- Attaquer les multiplications : Bof.

- Papa m'a demandé d'acheter du pain.
Comme il restait des centimes j'ai pris du pain, et le reste de bonbons.

- Deux bonbons.
- Si, il a dit : je ne t'avais pas dit d'acheter des bonbons en plus.
- Il a dit : donne-en un à ton frère .
- J'ai répondu : mais Papa, c'est des bonbons qui piquent...
Il a dit : FaPik. 

Max n'est pas content parce que les copains de sa sœur l'ont attaqué : et sa sœur tu sais quoi ? Elle ne l'a même pas défendu. Elle est nulle. Il ont sauté sur son igloo et ils l'ont détruit. Il est furax, et il a fait une fugue. Oui, parce qu'il y a des gens qui peuvent nous faire du mal. Une fugue imaginaire ? Oui, je sais, il est pas vraiment parti mais il est parti quand même.*

- Je voudrais bien faire un IGLOO.

- Parfois j'ai un bonhomme qui me parle dans ma tête. 
- Qu'est-ce qu'il me dit ? 
- Quand tu me dis arrête de manger des bonbons, il me dit prends-en encore. 
- Oui, je les prends, quand tu ne me vois pas. 

- N'importe quoi, tu ne vois pas à travers les murs. 
- Tu ne sais pas, c'est pas vrai. 
- Est-ce que tu sais ce que je pense là ? 
- Comment tu le sais ? 
- Vas- z'y a quoi je pense ? 
Non, c'est pas ça ! J'ai vu que tu allais savoir et j'ai pensé à autre chose au dernier moment, donc t'as loupé !

- Mon œil droit est en train de mentir ?
- Mais comment tu le sais ?
- Tu es une spécialiste ?
- Tu ne te trompes jamais ?
- Et bah voilà : tu viens de te tromper !


- Tu te rends compte que normalement on devrait être 4 sur le canapé ?
- On serais serrés tous les 4.
- Et ma sœur, alors ?
- Hein ?
- Ça t'en ferait des bouches à nourrir.

- Je crois que Papa, il joue avec les sentiments des femmes.
- Un enfant, il la quitte, un enfant, il la quitte.
- C'est toi ?
- C'est toi qui avait autre chose à faire ?
- C'est toi qui voulais plus ?
- Pleurer pour ma sœur, c'est ça ?
Oui
Et, donc, Papa n'aurait pas voulu avoir un foyer, une famille heureuse ? 
Il ne voulait pas de ça avec nous ? 

- Et moi alors ?
- Heureusement, je suis vivant, oui.
 - Qu'est-ce que tu ferais sans moi !
- Rien du tout !
- Si, si tu es assez grande pour t'occuper de toi.

- J'y pense à ma sœur, tu sais ?
- Moi aussi.
- Tu le sais qu'un jumeau c'est hyper important ?
- Tu me rassures.
- Les jumeaux sont très proches, tu vois ? Ça me fait comme un grand froid.
- Elle me manque.
- C'est comme si ça me faisait une partie en moins.

- Et tu lui as donné un prénom ?


*MAX ET LES MAXIMONSTRES. IL Y EN A UN EN CHACUN DE NOUS.





jeudi 7 avril 2016

Mais où vont les petits pois ?

1 - Les mécanismes sont. Tu es. Vous faites partie du même environnement. Ça existe ensemble de façon indissociable. Ce qui ne veut pas dire inévitable : on peut prendre conscience de cet état et tenter de l'amender.

Maintenant si vous voulez bien partir et me laisser avoir un infarctus en paix.


2 - Comprendre implique savoir, consciemment ET inconsciemment. Cette compréhension et le fait qu'elle se bâtisse en continu implique bien entendu que tu sois et acteur et théâtre.

Son intérêt était à présent bien éveillé, pas très fort, par une sorte de sentiment de "quelque chose à faire". Elle déroula le fil d'alimentation, et le brancha dans la prise. Clic ! Un feu vert s'alluma, un feu bleu signala Systèmes en service. Un moteur ronronna, des servo-mécanismes occultes tapotèrent, et puis le régulateur mécanopathique accusa : ÉQUILIBRE, et une douce lumière rose se mit à signaler régulièrement : TOUS ÉLÉMENTS EN SERVICE.

3 - L'inconnu n'est pas ce que tu ne connais pas, c'est juste ce que tu n'as pas encore compris tout en étant en mesure de l'envisager. Ce que je veux dire c'est que tu sais qu'il y a des choses que tu ne connais pas. Tu les vois. Mais, les voyant, tu sais que tu es en mesure de pouvoir les comprendre.

BOUM bada crac ! Grondement expérimental de la boite vocale thoracique. "Je suis le tout robot extra-ordinaire, programmé en usine comme les touts robots pour une fonction totale, rapide et discrète, mais, en plus, je suis conçu pour être reprogrammé instantanément et aisément de façon à m'adapter aux besoins particulier de votre foyer.

4 - L'inconnu est très différent de la vraie surprise: l'inattendu. La rencontre avec ce qui est sur le moment inconnaissable.

Mon vieux, tu poses le genre de question dont on ne peut révéler la clé qu'à un franc maçon au treizième degré souffrant hémorroïdes et portant des sandales. Je regrette. Mais n'oublie pas que tout va dans le ragoût. 

5 - Pour moi, un happening, c'est l'expression de la réalisation du moment où l'inconnaissable devient compréhensible. C'est l'expression d'un instantané personnel, intime, et, étymologiquement, transcendantal.

On pourrait vendre des cravates aux antilopes avec ce truc-là.

6 - Cet instant n'est pas une singularité qui commence par se nourrir d'elle même puis du reste de la causalité. Cet instant est le fondement d'une remise en question personnelle et fondamentale.

CRUELLES ÉQUATIONS

7 - Je suis intimement convaincu que certaines expériences ne peuvent être partagées (et partant intégrées) que par ceux qui les ont vécues. On peut tenter de faire sentir, de faire ressentir, d'approcher, mais ça reste loin de la réalité personnelle. Pour ne pas dire fondamentalement différent.
Ça peut te fournir un cadre qui te permet de faire passer certaines expériences de la surprise à au connaissable, mais sans aucune garantie. En d'autres mots : à la limite, on ne peut partager significativement que sur la base d'une expérience commune. Faute de, on ne peut que partager ses peurs.

SUPERTRIP 
DU TUBE DIGESTIF AU COSMOS
VIA MANTRA
TANTRA ET SUPER-COCKTAIL MAISON


ROBERT SHECKLEY
Et quand je vous fait ça, vous sentez quelque chose ?
Nouvelles
SCIENCE FICTION
Le livre de Poche

Collage, participation fortuite d'Albain de Saint-Martin

vendredi 1 avril 2016

Soit Bon Ou Tues-Toi

Envoyer de très belles fleurs à sa mère à chaque anniversaire; des chrysanthèmes, oui, afin de lui rappeler combien il l’aimait, dans les tons les plus mauves délavés, à moitié pourris car récupérées dans un cimetière peu fréquenté ou l’absence de gardien lui permettait de le substituer sans risques d’être soumis à la honte de profaner les non vivants, un point de vue peu défendable auprès du commun des mortels selon lui: elle pourrait aisément les replanter dans le jardin, et comme elle était née en automne, les lui offrir vifs et brillants n’avaient aucun intérêt puisque l’hiver arriverait immanquablement, aussi il salivait à l’avance de les savoir voués à la décomposition rapide, le sujet le plus important de ces recherches, le stade le plus aimé de ses expérimentations et de ses amours temporaires, avec la musique et la transmission des renseignements : une activité que personne ne pourrait jamais supposer venir de lui. Il trempait dans les bas-fonds, tout en étant un enquêteur hors norme et un personnage utile pour faire horreur à la gent féminine, même celle d’une prostitution peu regardante à la clientèle, et bien sûr, alignée sur les prix les plus bas. Ce matin là, il s’était félicité d’avoir pu la veille, obtenir une pipe négociée à 30 euros, un prix qui lui apportait pratiquement autant de jouissance que la nature de l’acte en lui-même, bien qu’il eut regretté que la fille n’y ait pas mis un peu plus de cœur alors qu’il avait quand même fait l’effort de se laver un mois plus tôt, pour paraître plus convenable à ses yeux. Du moins un peu plus que pour la dernière fille fréquentée, ce surtout pour pouvoir obtenir une remise fort méritée de son point de vue : toujours radical en matière de goûts.
De plus, le chrysanthème était aussi anti insectes, donc, il préférait les destiner à sa mère : garder les bêtes qui vivaient chez lui en vie et en vie puisqu'ils cohabitaient intimement et d’un commun accord qu’ils se rendaient les uns, les autres. Il avait même tenté d’installer un vivarium, récupéré dans une benne, un peu fendu en son milieu mais parfaitement ajustable à d'autres fonctions, comme la majeure partie de ses biens, si petits fussent-ils. Certes, le vivarium était destiné aux fourmis mais il était pour l’adaptation du milieu à l’environnement et de l’environnement au milieu, aussi avait-il œuvré à la défaveur des voisins mais pour ne sacrifier rien de vivant qui l’approcha. Il partageait donc sa cuisinière à gaz avec les bestioles, ce qui leur évitaient pour la plupart de courir et de loger dans la literie :
Une literie remarquable par rapport à toutes celles qu’il avait eu jusque ici; trouvée sur le capot d’une vieille 104 bleu fagot, presque neuve et fraîchement lavée, envolée d’un balcon ou elle séchait probablement, la housse de couette avait été un ravissement quand il y avait passé sa première nuit, il en était férocement content et même fier devant les rares visiteurs qui avaient eu le droit de pénétrer chez lui : elle n’avait pas quitté son sommier depuis un an, une faveur qu’il n’accordait pas même à une femme ou une copine, car il n’était pas trop partageur. Son sommier, hélas, n’avait pas reçu le don divin de la récupération, sommier sur lequel il dormait mieux que n’importe ou ailleurs, creusé par le trou que formait son corps en son milieu, rehaussé par la tristesse d’un linge peu recommandable pour l’honorer qu'il affectionnait : il habitait ses vêtements jusqu’à ce que mort s’ensuive et ainsi, s’en séparait uniquement avec une tristesse inouïe, et son sommier il l’aimait encore presque plus que sa housse de couette, car il était resté tel quel, emballé dans du plastique, jamais ouvert, volé dans une allée avec un de ses potes qu’il avait réussi à convaincre contre deux places d'un concert improbable d’une valeur de 300 euros. Le pote avait fini par l’avoir mauvaise car il lui avait imposé un duo mais en le lui signifiant uniquement une fois le sommier déposé devant sa porte : il fallait bien qu’il se paye lui aussi le fait de porter le sommier seul de la porte à l’intérieur de sa chambre, un studio en réalité, enseveli au point qu’il avait refusé de laisser entrer cet ami qui ne le resta pas.
Alors cultivait chaque détails avec minutie et prenait donc soin chaque matin de sortir du lit en y restant, de façon à pouvoir avaler un café noir sans sucre, encore assis dans ce lit car il dormait juste devant la vieille cuisinière qu’il n’avait jamais lavée non plus et qui était reliée à une bouteille de gaz qu’il économisait au maximum de ce qu’il pouvait, comme il le faisait avec tout ce qu’il rencontrait et comme il le faisait avec presque toutes les fonctions de sa vie.
Il ne pensait pas qu’on puisse le taxer de minimaliste : il se trouvait vernis et il savait que personne ou presque ne pouvait comprendre quel type de vernis était des plus seyant.
Certainement pas celui des plus hautes sphères.
Il était châtain très clair et il détestait qu’on lui dise qu’il soit blond, ou châtain; il fallait dire châtain clair. Personne n’aurait pu soupçonner le type de renseignements qu’il était capable de soutirer à n’importe qui, dans pratiquement tout contexte : peut-être parce que le voir subtiliser les épluchures de pommes blettes dans la cuisine d’une copine, chez laquelle il était invité pour un apéro, pour les croquer rapidement afin de ne pas les destiner aux poubelles, heurtait la sensiblerie des moins compréhensifs qui le catégorisaient aussitôt.
Parfois s’il avait le temps et toujours en lousdé, il retirait des mets insoupçonnés des poubelles qu’il trouvait subtils et merveilleux, et même découvert en train de gratter une cuisinière sale avec un couteau autour des feux et de ramasser les détritus cramés ou d’y essuyer du pain dans la graisse collée (il prenait soin de faire chauffer la bouilloire en feintant de vouloir lancer une tisane, ce qui faisait quelque peu sourire puisque le blanc était ouvert, ce avant tout, afin de pouvoir décoller celle-ci, cette vieille graisse qui selon les appartements pouvait être de putride à fraîche, en effet la décollait plus facilement que ce soit la sienne ou celle de ses amis en versant de l'eau en très petite quantité autour des feux, comme le jus d’un rôti fraîchement sorti du four, toutefois découvert et à découvert, il se tenait droit comme un empereur romain victorieux et affichait un sourire merveilleux, si bien qu’il arrivait à déstabiliser l’ennemi au point qu’il batte retraite parmi les convives, et de ce fait, évite toute discussion explicative : en effet, il semblait alors vraiment ne pas avoir pas le profil d’un indic de premier ordre, Alors. Et passait donc, une nouvelle fois, à travers les mailles du filet comme de de nombreuses autres occasions.
Après le café il attrapait la télécommande, toujours au pied du lit et ouvrait sa planche de salut : une prouesse de technicité informatique d’un mètre cinquante sur 55 centimètres, camouflée de l’intérieur d’une bibliothèque qui s’ouvrait sur codes et commandes uniquement pour son propriétaire, par résonance olfactive associée, entre autres.

C'était un vrai jour de fête, de ceux qui brûlent comme une brindille, d'un éclat qui semble particulièrement bénéfique mais qui ne dure que le temps qu'on se décide à y consacrer. Lorsqu'il est là, on ne le voit pas bien et quand il s'est en allé c'est une saveur insoupçonnée qui s'évapore à jamais, parce que le feu à brûlé si vite qu'il n'a pas pu prendre. Ou bien il nous à tellement consumé. Au fond, l'intensité semble anecdotique mais elle véhicule des particules sans querelles, sans rien qui ne puisse être aussi beau car ultime et si l'on sait s'y soumettre sans pourtant que rien de soi n'y soit soumis cela peut monter très fort et très vite et l'atterrissage n'est jamais des moindres, cela ne présage rien de particulier si ce n'est qu'à cela on ne puisse que se soumettre comme étranger à ce qui se passe à l'intérieur du corps, qu'il fredonne, somnambule, ou bien se trouve dans un silence total, une possibilité invraisemblable du manque, une disposition nouvelle à aimer les courants d'air, être agenouillé et tenu d'une main ferme, oppressante et douce.
Elle releva la tête et se trouva à l'improviste les yeux dans les siens, il la regardait sans galanterie, d'un air légèrement différent de ceux des autres, cela dura assez pour qu'elle fût envahie d'une douce lumière, elle hésita quelques secondes, intriguée de ce regard direct impressionné d'un climat calme et bienveillant effleuré d'une pointe d'observation amusée qu'elle imagina plus en lien avec ce qu'elle portait qu'elle même, n'empêche, il la déstabilisa par un accueil évident dont elle n'avait l'habitude, il y avait vraiment quelque chose de particulier au point qu'elle repensa à lui encore pendant quelques jours, juste après avoir voulu se dégager en lui faisant focaliser presque immédiatement son attention sur autre chose qu'elle, ce qu'elle savait très bien faire et au moment de sortir, alors, elle le vit en face d'elle en pleine conversation avec une petite femme brune. Ils devaient partager une certaine proximité, et elle se détourna tout en ressentant une impression qu'elle savait plus ou moins annonciatrice, tout en se disant :

- Putain, merde, fais chier.
De plus, il était grand, et avait d'la gueule. Et, elle ne se trompait que très rarement. Dégoûtée, elle tourna les talons, et détala.

Selon ALORS, la Presse féminine italienne dégommait allègrement la nature même des tentations féminines françaises proposées par journaux de merde interposés (distribuée à une population ayant souscris des assurances  sur la décompression neuronale proche du taux moins cinq cent au dessous de zéro). Il fouilla amoureusement la cour intérieure, rayon journaux et papier, tri sélectif afin de trouver un deuxième exemplaire de celui-là qui intéresserait sa nouvelle copine, laquelle refuserait de baiser mais l'accepterait dans la maisonnée au moins pour une nuit, à condition qu'il arrive à l'entourlouper sur les motifs de son intrusion. Il se pointa à 22 heures tapante à l'appart, (avec une bouteille de vin trouvée chez l'épicier d'un coin qui faisait dans la récup de vieille bouteilles introuvables au goût car elles avaient si bien macérées on ne sait ou que cela leur conférait une note particulière, et à force de comparer le prix avec le goût, le vin finissait par être plus qu'acceptable, bon, et même presque excellent si l'on se mettait au diapason d'ALORS et de ses manœuvres dialectiques ubuesques : il était un conférencier hors norme. Quand vous n'aviez pas envie de parler, il le voyait tout de suite et soit qu'il décida de vous faire une fleur, il vous entraînait alors dans une folle nuitée, terminait les phrases à votre place, vous promenait sur n'importe quel terrain, fusse t-il totalement inconnu, sur un plateau sauvage pour un concert improvisé et évidement sauvage par un groupe de dub montant qui allait se faire fouetter de bonne musique au vent sur une chevauchée de substances illicites.), bref, pour l'heure, la fille en question failli s'étrangler quand elle vit le sourire du Chat d'Alice transparaître derrière la fenêtre de la salle à manger : ALORS était passé par la façade extérieure, premier étage car elle n'ouvrait plus la porte depuis quelques temps, et rien ne saurait jamais décourager ALORS de ses buts premiers. Elle le fit entrer, et lui passa un savon. Prenant l'air le plus abattu possible, lequel lui allait comme un gant, il lui soutira un thé brûlant et failli se retrouver dehors parce qu'il estimait que Le Yunnan n'équivalait à rien d'aussi sympa qu'un thé noir fumé, et que sans un triple, il fallait vraiment en vouloir pour la soutenir et lui tenir compagnie. 

La fille s'était amenée en milieu d'après midi, perchée sur des talons rouges qui lui allait aussi bien que si elle avait porté une cagoule en laine vert fluo sur une plage en plein soleil, elle avait frappé à la porte, le sourire accroché au visage comme sur un porte-manteau dans un deux étoile miteux repeint en laqué rouge piment déphasé et plus ou moins seyant sur les lèvres mais surtout quelque chose qui sonnait aussi bien que quand tout sonne faux. Sa jupe lui arrivait à trois centimètres de l'entrejambe : elle était passé d'un look pré adolescent à celui de quelqu'un qui semblait avoir négocié sa féminité au rabais. Néanmoins, elle affichait une condescendance qui frôlait le pseudo sympa, lequel donnait parfois le change à certains de ses interlocuteurs privilégiés. En attendant, elle regardait les autres avec une interprétation toute semblable à la prétention de s'imaginer comprendre qui elle avait en face d'elle. Un œil acerbe et crevé apparaissait au dessus d'un trait de khôl épais : elle s'entraînait à tapiner depuis moins de deux semaines. Mais deux semaines plus tard, elle aurait passé l'arme à gauche. En attendant, elle s'amusait plus ou moins à se tourner vers d'anciens amis, comme pour essayer de raccrocher. 

Il lui fendit le ventre en deux pendant que ces jambes bougeaient toutes seules comme détachées du corps, le rideau bleu l'empêchait de voir, elle n'y tint plus et s'évanouit. Elle se réveillait pourtant par à coup, et constatait que personne ne se préoccupait d'elle, ses mains étaient attachées le long de la civière, les jambes se secouaient toujours pendant que le type la découpait. La lumière était lugubre et un néon l'éblouissait. L'impuissance. Elle essaya de capter un regard mais on l'ignora. Sans doute bascula t-elle à ce moment-là.


OM SAMARA BIMANA SAKARA MAHA DZA OUA HOUNG. 

Alors n'avait aucun doute sur le fait que l'on ne puisse être responsable de ce qu'on faisait endurer aux autres que lorsqu'on était avant tout acteur principal. Il décomptait donc absolument tous les effets de ses actes pour ne les laisser qu'aux autres, ceux qui prenaient les décisions de commandement tandis que lui se suffisait à lui-même dans le champ des investigations qu'il menait pour le compte des enragés.

Le ciel était tout de noir vêtu, au point que l'on ne puisse présager de ce qui pourrait en découler         ensuite. L'idée de l'effet des tremblements de terre sous-marins l'effleura. 


Tout en psalmodiant ce qui devait libérer tous les insectes tués par inadvertance, il combinait l'idée de la résolution de l'interconnexion ADN des ordinateurs avec ceux qu'il traquait. Le métier de traqueur avait pas mal évolué. Les pensées figées autour de quelqu'un n'étaient plus traitée de la même façon. On ne chassait plus les pensées préalables aux actes depuis longtemps. Tandis que beaucoup travaillaient encore sur les notions de réseaux, lui avait complètement coupé avec cette résolution. Le seuil, juste un seuil qui permette le passage possible entre les compétences et la surveillance des cibles. La tromperie était sont meilleur atout.


Avoir plusieurs années à se faire admettre pour, ...


L'atteinte des vibrations dans le corps avait permis petit à petit de faire monter le niveau de quantité de lumière émise par toute source. Afin de voir se concentrer l'ensemble de points de vie  apparaître dans une forme, il fallait acquérir cette possibilité. Cela arrivait maintenant tout autrement qu'autrefois. La césure avait été violente. Même ouvrir une quantité d'espace voulue chez quelqu'un d'autre. Pour cela il avait des stratagèmes très différents devant chacun de ses interlocuteurs. Parfois il se faisait passer pour un animal blessé, parfois pour un marchand sans concession. Ce qu'il aimait le plus était de se faire passer pour quelqu'un de bien. Quand quelqu'un devenait proche de lui au point du respect et de la reconnaissance, il avait une façon bien à lui de démonter la texture essentielle des contradictions qui empêchait les mouvements.

Avoir un objectif était donc beaucoup plus simple que ce que beaucoup pouvaient imaginer.

Calme et pondéré. Tout ce qu'il n'était pas.
Non pas lui.

Il étudiait celle-ci depuis un moment :
Une femme grande avec une chevelure d'ébène se trouvait aux abords du camps. La vision des barbelés ne l'effrayait pas. Elle en connaissaient la teneur. Une gamme d'odeurs lui parvint. Son corps était propre. Ses organes également. Tu sens bon pensa-il. 


Pendant ce temps, celle-ci qui se nommait Dextra avait infiltré le camps depuis 3 ans. Elle s'investissait considérablement et afin de répondre aux demandes d'hygiène féminine, elle découpait actuellement des protèges-slips en deux, afin de doubler sa clientèle et de rencontrer le plus de femmes possible. Nul autre qu'elle ne savait parler autant de dialectes, et nul autre qu'elle n'arrivait à donner la confiance au moins offrant afin de parvenir à ses fins. Son entrée au camps n'avait été apprécié. Elle avait été de suite suspectée étant donné un corps généreux et fort, autant en couleur qu'en forme. Ses yeux noirs intriguaient. Ils arrivaient parfois à en faire fuir quelques-uns. Néanmoins, dans la majorité des cas, elle avait la ténacité requise pour filouter le quidam, et à n'importe quelle époque. Depuis qu'elle avait appris à voler tout avait considérablement changé pour elle. Les vols lui avaient donné beaucoup de pouvoir. Emmagasiner cette énergie, elle n'en avait pas été capable tout de suite et avait eu beaucoup de mal à trouver le chemin vers ceux qui l'attendaient.  Ils étaient neuf. Le contact avec les plaintes lui avait pesé au départ. La plainte devrait rendre son i à qui de droit. Puis elle s'était prémunie des effets en restant concentrée et endurante sans répondre ni aux attaques ni aux agresseurs. En tant que femme, elle devait toujours subtiliser une part d'attention présente en l'autre pour la diriger vers un autre point. Ainsi, pouvait elle traverser le camps en invisibilité et organiser son itinérance comme bon lui semblait sans que personne ne l'entrave. Le contact particulier qu'elle pouvait émettre en effrayait plus d'un. Il fallait savoir se recroqueviller et adopter une stratégie sexuelle convaincante. Contrairement à d'autres elle envisageait les indications de qualité du mâle selon des caractéristiques de blessure et de handicap.

Il était plus aisé ensuite d'imaginer la résistance possible. Son point faible était celui d'être repérée de temps à autres pour son adaptation immédiate au milieu. Il n'était pas rare qu'elle soit enviée et dénigrée pour avoir passé un contrat ou un autre avec tel ou tel autre. Elle aussi avait passé de nombreux accords et elle était très utile pour dépister ceux qui avaient survécu dans des milieux si hostiles que cela relevait de prouesses techniques dont elle faisait commerce. Elle était une vendeuse hors-norme et pouvait vous trouver n'importe quoi dans le camps, à condition qu'on ne lui donne aucun délai.

Oui, celle-là, dit-il tout haut.