Hacke Me
A l'envers, le sujet est difficile
I.
Flux
Elle tourna et retourna son bras dans tous les sens avant de
trouver la panne. Le cuivre devenait chaud et elle n'avait plus beaucoup de
temps avant de pouvoir sortir de la soute. Dehors elle ne savait pas ce qui
l'attendait. Elle aurait peut-être dû avertir les autres de son escapade mais
elle savait qu'elle aurait aussi pu être découverte et que plusieurs d'entre
eux auraient pu le regretter jusqu'à trépas. Le projet définitif n'aurait pas
lieu car elle avait transformé les flux énergétiques de tous les passagers de
l'avion. Ainsi ils n'atterriraient pas où ils croyaient pouvoir passer quelques
jours de vacances mais dans le centre névralgique qui lui permettrait de
trouver le matériel technique pour pouvoir réparer ce bras dont elle avait tant
besoin. Elle avait glissé plusieurs paires de lunettes dans son sac qui lui
permettait d'empêcher les passants de lire ses pensées ou de comprendre qui
elle était vraiment. Le matériel qu'elle recherchait était une combinaison de
nouvelles données que presque personne ne maîtrisait. Elle savait qu'il lui
faudrait passer à travers plusieurs grillages qui protégeaient l'institut de
recherche et elle avait déjà un plan combiné à un autre multiplié par 25
possibilités. C'est tout ce qu'elle avait pu faire. Elle avait l'habitude de
leurs yeux étonnés d'avoir eu si peu de clairvoyance vis à vis d'elle car son
mode de connexion avec autrui était particulier et elle ne laissait jamais
quiconque voir ce qui pouvait vivre dans ses circuits. Bien sûr il avait fallu
se faire admettre par la catégorie des techniciens mais elle n'avait rien fait
pour. Quand ils avaient découvert de quoi elle était capable elle s'était
enfuie puis avait rencontré les autres. La fuite : toujours devant et derrière
elle. Son bras avait commencé à se décrocher de son corps aussi sa respiration
se fit plus saccagée. Elle rampa dans le couloir et dû se décrocher d'un
panneau d'aluminium qui commençait à se teinter de bleu. Elle n'eût plus le
choix et se glissa en douceur dans le corps d'un jeune homme dont les
connexions étaient encore soudées lorsqu'elle se rendit compte qu'elle avait complètement
oublié sa caisse à outil dans la soute. Mais il était trop tard. L'avion se mit
à trembler. Un frelon incorporé parmi les passagers pour dépister les
odeurs tourna autour du jeune homme mais il ne resta pas trop longtemps - pas
assez pour alerter qui que ce soit. Elle pensa tout à coup à la sombre plaine
qu'elle avait regardé dans ses moindres détails. Où tous étaient morts brûlés.
Mais le corps du jeune homme s'agita et il se mit à tousser bruyamment. Une des
tulipes rouges accrochée sur la paroi au dessous de la fenêtre de données
sourit et commença à chanter. Elle était presque dévoilée. Elle profita d'une
seconde d'arrêt temporel pour reculer d'un temps et retourna chercher le matos.
Son bras ne tenait plus qu'à un fil. Elle se laissa guider comme il lui avait
été demandé même si elle avait de la peine à laisser cette énergie s'emparer
d'elle. Sans doute une autre vie. Elle s'assit sans rien dire sur un des sièges
et tourna la tête vers l'homme. Son regard la brûla. Elle ressenti quelque
chose dans la structure énergétique de ses corps et dû glisser ailleurs car
l'alarme sonnait. Temple de Louxor entendit-elle doucement.
II.
Backdoor
Elle ne se réveilla pas à l'endroit attendu. Tout d'abord
exploiter le terrain. Observer. Son sommeil avait été lourd et elle s'était mal
réveillée, le corps endolori et la tête embrumée. Elle eût l'impression de
perdre connaissance. Quelque chose ne s'était pas déroulé comme prévu.
Évidement, il lui avait laissé accès à des données et se demanda quel était son
but car il ne se pouvait qu'il n'agisse sans attention dirigée. Elle avait vu
le corps à ses côté même si elle ne distinguait pas s'il s'agissait d'une
femme, d'un enfant ou d'un homme. Il avait perdu quelqu'un et lui avait laissé
entrevoir ce qui s'était produit. En revanche, il avait bel et bien soudé les
accès sensibles, qu'il ne laissait visibles en aucun cas. Une odeur de pluie et
de terre lui vint. Elle ne sut pas à qui cela appartenait. Elle était encore
sonnée par le voyage et son bras ne donnait plus aucun signe de sensation. Elle
réalisa tout à coup qu'elle était dans le noir. C'est ce qu'elle crû un moment
pour réaliser ensuite que ses yeux ne laissaient plus passer les images. Elle
frissonna. Il s'agissait de laisser quelques ouvertures pour plus tard. Son
bras pendait de plus en plus et sa mâchoire commençait à fourmiller. Elle se
rappela une vague incantation mais ne s'y attarda pas. Elle était plaquée au
sol pour changer et paniqua quelques secondes. Peur, Angoisse, Insécurité. Action
se dit-elle mais elle ne pouvait se relever.
Elle se souvint du journal. Le journal qui devait la soutenir.
Mais elle ne le retrouva pas dans son esprit. Curieusement lui revenait les
informations données par l'homme. Il l'avait regardée sans aucune intention. Du
moins c'est ce qu'il projeté. Cependant, un détail dont elle ne se souvenait
pas l'avait étonnée : la brûlure dans les yeux n'était pas anodine. Seuls
quelques uns pouvaient. La logique des réseaux avait tout enregistré mais ils
n'avaient pas pu se saisir de l'essentiel. Ils avaient essayés de vendre des
promesses de profit pour extraire ses informations de tous ceux qui étaient
recensés mais personne n'avait saisi l'opportunité. Elle se demanda pourquoi sa
jambe gauche lui faisait si mal. L'homme avait dû se péter la cheville dans
l'accident, elle avait hérité des symptômes. Lentement la douleur remontait,
son corps se réveilla très légèrement mais il n'était plus en aussi bon état
que dans l'avion.
III.
Komme,
Komme, Komme
Komme, Komme, Komme insuffla t’elle doucement
dans le creux de sa nuque en glissant sous l'oreille droite jusqu'à la
base du menton.
IV.
VULNÉRABILITÉS
Sa jambe droite avait reçu un choc au niveau de la cheville
qu’il avait eue fêlée à minima. Jambe gauche affaiblie par le poids de l’autre
qu’il avait négligée. Le trajet longeait le petit doigt du pied s’élançant
d’abord du talon et l’appui était porté moins facilement qu’auparavant. Son
genou avait lui aussi reçu un impact léger mais qui affaiblissait sa démarche.
Son corps arborait une aube dorée tellement intense que cela
touchait au point de presque faire pleurer : il véhiculait une énergie
très puissante, elle sut qu’il ne pouvait l’ignorer sans savoir à quel point.
Cette vibration déployait des secousses très profondes et cela permettait un
changement interne déstabilisant. Ce souffle coloré lui permettait d’établir
des connexions fines et particulières. Les courbes et les plis dans les tons or
principalement s’ouvraient les uns sur les autres et semblaient séparés du
corps mais les fils venaient s’enfiler en interne dans la tête, tout autour de
laquelle des capacités à comprendre rapidement l’avaient toujours aidé.
Son humeur produisait des sons. Dans tous les cas ses mains
guérissaient autant que sa présence. Il voyait évidement à travers les corps
mais encore un peu plus loin, et cela ne le passionnait pas encore vraiment.
Derrière son oreille droite une petite plaque rouge en croissant de lune et une
résolution de traumatisme essayait de s’échapper, ce qu’il n’avait pas encore
compris. Cela occasionnait des troubles qui l’inquiétaient. Ces troubles
semblaient mineurs mais ils ne l’étaient pas. N’ignore pas les symptômes, il
faut y faire face lui lança t’elle.
L’impact derrière l’oreille droite contournait la base de la nuque
jusqu’à 5 centimètres près de l’autre oreille. Ses yeux n’avaient pas une
vision semblable. L’œil droit éclairait moins bien en interne, une membrane
avait été malmenée et quelques menus fils étaient déchirés de l’intérieur. Cela
lui occasionnait des secousses dans la nuit. Il avait toujours crû qu’il n’y
pouvait plus rien.
V.
I'm Sorry
I don't
have Boss
Nothing
is against you
I do not
choose
It's Not
Easy
Something
is going in me
And I
Give
What I am
I'm
Nothing
I did not
want to hurt you
Maybe
Something Should Emerge
Everything
is ok to reach your authenticity
I know it
hurts
I don't
have choice
I'm not
Comfortable
I'm sure
you know
You have
my gratitude
With you
it's open
This Jerk
It's the
Light
And I
love this Light
Your eyes
will get used
Do not be
so angry, Please
VI.
Whispers
Pas prendre,
Ni Donner,
Recevoir, lui murmura t-il dans les
yeux
VII.
WILL
Toujours couchée sur le flan, le bras et épaule n'étaient plus
raccordés. Ses yeux s’ouvrirent sur une ancienne réalité. Elle voyait mal son
visage. Maintenue sur un étal de fer, la pièce exiguë ne lui permettait pas de
distinguer ce qui se profilait. Son corps était camouflé sous une cape foncée,
ses mains étaient hantées d'un violent ressentiment. Elle vit ce qui s'était
passé autrefois entre eux qui l'étreignit douloureusement.
Elle avait passé l’arme à gauche sous une
colère gigantesque. Il avait eu tellement peur et n’avait pas compris ce
qu’elle ressentait car il n’avait plus aucune autre vision que celle de la
trahison. Le corps allongé sur une couche très mince, dans une ambiance noire
et feutrée, son corps s’élança vers l’arrière sous le tranché de sa gorge.
C’est à ce moment précis qu’il vit tout son amour dans ses yeux et qu’il
comprit sa méprise. Il s’effondrât.
Le désir de vivre la ranima. Coincée sous la tôle et toujours dans
le noir elle essaya de se souvenir du principe de contrôle des métaux. La
reliance avec les fils n’avait jamais été aisée et toujours effectuée sous
surveillance mais elle était seule. Le fil bleu devait être emprunté mais en
même temps il ne fallait pas non plus mettre de côté l’urgence de la quantité
subtile pour que les fils ne cèdent pas sous la chaleur en emportant le reste
de son corps qui aurait pu se consumer de lui même voire basculer dans un autre
univers. Il ne le fallait pas. Éviter de tomber sur une marchandise suspecte
et se procurer du platine à tout prix. Toute la pyramide centrale était
infectée. Elle devait rendre visite à Will.
Une main se tendait vers Elle. Mais la fenêtre était floue et elle
hésita. La transparence claire de la fente faisait penser à une fontaine. La
circulation de l’eau était suspendue mais continuait à tourner
imperceptiblement. Vorticity, Le fil
bleu, Le fil Bleu se répéta-t-elle. N’oublie pas le fil bleu. A nouveau
la noirceur plongea à l’intérieur de tout son corps. Elle perdit le fil de ses
pensées qui s’éteignirent à nouveau dans l'inconscience.
VIII.
Pschü
Et plus
rencontrée nulle part...
Il était petit et ses yeux savaient inspecter tout ce qui se
trouvait devant lui. Vantard, voleur, menteur, il avait l'œil pour subtiliser les
âmes de qui que ce soit. il savait faire montre de vire, volte et voltages en
tous sens et en toutes circonstances afin d'effleurer ses proies, les faire
mûrir, les cueillir comme des jeunes pousses insensées afin de profiter sans
aucune sensiblerie de ce qu'il guignait. Il avait l'œil pour comprendre assez
vite à qui il avait affaire et même desservit par une stature commune et sans
postiches, il plumait tout un chacun et sa chacune, œil pour œil, dent pour
dent, point n'en faut de trop blanc. Grâce à l'acquisition d'un savoir faire
transmis de père en bâtard ou de qui que ce soit qui avait pu être volé dans un
monde ou un autre, il avait des compétences multiples en relations humanoïdes
et savait transgresser ce qui devait l'être au moment opportun avec toutes les
races. Ainsi se glissait il dans les portefeuilles des hommes et des femmes
s'il le fallait, bimétalliste et fondeur à la fois - même si rares étaient les
lits dans la configuration des lieux ou ils vivaient ; il était très au
fait de toutes les manigances visant à négocier un contrat, et de ce qu'il
fallait faire au lit, dusse-il ne pas exister.
Ainsi l'eût
il regrettée : il vadrouillait depuis si
longtemps dans la graisse, la suie et d'autres mondes qu'il n'avait pas
pensé qu'elle l'aurait quitté si vite. Elle l'avait surpris suffisamment pour
qu'il eût envie d'elle mais pas assez pour qu'il reconnaisse qu'elle ne se
contenterait pas de stagner où il s'était contenté de faire son trou. Cela
était bien avant aujourd'hui. Des lustres temps derrière eux. Ce jour là, Il
l'avait alors utilisée avec satisfaction et sans que ce soit toujours comme
cela, il avait compris trop tard qu'elle ne lui pardonnerait pas et que ce
qu'il avait fait ne pouvait l'être de personne. Il l'avait tournée et plaquée
avec rudesse contre une plaque de métal poisseuse et coupante qui servait de
banque pour toutes les transactions, et s'était dédommagé d'une obscure
journée, en lui écartant les jambes avec un de ses genoux, l'avait maintenue
prisonnière sous lui et s'appuyant sur son dos de tout son poids,
avait relevé sa jupe et fait glisser le tissu sur une toison sèche, soulevé les
hanches puis brutalement lui avait enfoncé le cuirassé profondément en
s'accrochant à ses épaules et en la baisant aussi salement qu'on puisse le
faire : de force. Ensuite, il ouvrit le challenge à tout son groupe de
commis.
Elle leva la tête vers le ciel gris foncé, des bandes de bleu
passantes lui rappelèrent son désintérêt soudain pour Will. Elle avait mal dans
le ventre mais fit taire la douleur qu'elle arriva à faire monter plus haut
dans le corps pour ne pas être foudroyée de haine et de douleur. Légèrement,
elle se dissocia de son corps. Devant elle, un mur d'un beau gris foncé avec
très peu de bleu, pétrole, s'effaça et laissa le ciel sublime de l'obstination
à ne plus sentir disparaître. Elle vit ondoyer le grand œuvre du vent dans
tous ces déplacements.
Elle n'arriva que partiellement à déambuler ailleurs, alla se
coucher à plat ventre à même le sol, et dissimula cet événement en devenant
assommante pour l'entourage qui était le sien et ne fit plus que décliner
lentement faute de ne pouvoir se confier à personne. Après cela, elle fit
barrage à presque tout ceux qu'elle rencontra ensuite.
Au bord du précipice, imbibé de cette mésaventure, elle se jura
que personne ne pourrait plus l'atteindre sans même le remarquer. Les souvenirs sexuels étaient parfaitement
perturbants. Elle avait bien essayé de les détruire, utilisé des armes de
poing, caressé des idées extrêmes et systématiques, mais une préférence s'était
exprimée : ne plus compter que sur elle.
IX.
Ainsi
se trouvait-il pendu, + 0,24%
Son désir de maîtrise l'avait amené à rechercher la pointe de
l'excellence dans tout ce qu'il entreprenait. Il avait aimé une grande partie
de sa vie en calquant sa vie de chercheur avec son anxiété constante qui
l'amenait à développer une curiosité hors norme. Tendu comme un arc dans les
circonstances de vie les plus simples, s'il se rassemblait dans son corps et
acceptait les désagréments passagers provoqués par une vie proche de celle d'un
marin qui naviguait de mers en eaux, il savait avoir déjà accompli dans
l'instant un grand nombre de faits d'armes non négligeables et était confondu
de voir que cela ne valait déjà presque plus rien au regard de ce qui
l'habitait dans le moment présent. Habitué
à la reconnaissance de ses pairs, la fluctuation des vents dans la vie ne lui
faisait pas peur exactement mais tourmentait ses certitudes. Ainsi se
trouvait-il suspendu.
Le Château Montrose n'était pas exactement sa tasse de thé, aussi
ouvrit-il une bouteille de Taketsuru à l'honneur pour
exploiter un plein potentiel sur ces expérimentations multiples. Il se dévêtit
pour enfiler juste un jean souple et une veste blanche et confortable,
débrancha son portable, s'installa derrière l'écran pour prospecter sur les
idées et les nouveautés dans l'air du temps de cette soirée. Il tourna
ensuite lentement la tête car l'air bruissait élégamment et la vit foncer sur
lui, ne reconnu pas tout de suite qui elle était, vit ses couleurs
tournoyer et se mêler les unes aux autres, puis elle déploya ses ailes et se
posa sur sa droite du côté de toutes ses certitudes enchâssées et avança
ensuite d'un pas devant lui sur le plancher clair. Médusé par sa prestance et
sa proximité, il retint son souffle, et regarda l'oiseau de proie dans les yeux
pendant plusieurs minutes sans que rien n'entrave leur connexion. Le changement s'opéra lentement, tel
qu'il le laissa entrer en lui, et le bouleversa pour quelques temps si bien
qu'il ne se reconnut plus tellement, et nombre de ses intérêts changèrent
rapidement. L'adéquation avec son milieu ne se fit pas aisément, car il se mit
à saisir le présent comme il ne l'avait jamais encore prit, ainsi dépendu.
X.
Retombées, -0,82%
La seule et unique façon avait-elle crû était de partir.
S'éloigner de tout. Comme Cela, l'air de tout. Elle alluma un clope sous la douche et écarta le rideau, jeta les
cendres au sol et pencha la tête en arrière, encore un peu d'eau chaude,
descendit et marcha sur les tomettes rouges jusqu'à la cuisine, reprit une
cigarette et l'alluma avec l'autre, mangea des nouilles, huile d'olive, ail et
poivre, en alternant avec le paquet de clope entier, ce qui lui prit pas mal de
temps, trouva que ce n'était pas classe, ne voulu plus regarder personne, jeta
un vague coup d'œil à Brautigan* qui trainait sur la table, laissa le
monde parler et dire ce qu'il voulait sans réagir, ne voulu même pas dire pour
se défendre de quoi que ce soit, entendit une petite voix lui murmurer avant de
se jeter sur le lit et d'enfouir sa tête dans les bras et les draps, "tu
as perdu ton enfant", ainsi les larmes ne la quittèrent pas, tout le monde
se détourna, sans savoir, tandis qu'elle retournait en-elle même d'où
personne ne la vit jamais, sauf bien sûr
Brautigan*, qui avait écrit retombée de sombrero exprès pour qu'elle
se sorte de cette mauvaise passe. *retombée de sombrero traduit de
l'américain par Robert Pépin
XI.
L'ÉTREINTE
Sous la lampe l'éclairage se fit plus insistant. Il la regarda en
se demandant si toutefois il n'aurait pas dû...Puis chassa l'idée de son
esprit. Il ne franchit pas encore ce seuil, se tourna vers la plante et
eut envie de la foutre en l'air, pensa à l'hiver dernier et au manteau blanc de
la neige qui doucement s'était infiltré dans son corps, cela avait commencé
lentement comme une grenouille qui cuit à petit feu sans s'en rendre compte, la
nostalgie s'était emparée de lui comme jamais auparavant, et il avait
sentit le froid. Habitué à snober ouvertement ses sentiments qu'il faisait
toujours passer loin derrière, devant toujours fringant il avait avancé à
l'aveugle, se dirigeant d'étoffe en étoffe, humant l'air ambiant et se
satisfaisant de ce qu'il trouvait lorsqu'il avait pu s'installer dans une
ville, privilégiant les soirées de son crû, il avait perdu de sa superbe
puisque crûment la lumière venait contrefaire ses plans et il ne pouvait plus
se planquer.
Malgré lui elle entrait subrepticement dans son corps, un corps
qui acceptait moins bien la lumière que le reste, il avait mal et depuis se
voyait de plus en plus touché par l'authentique, il ne voulait plus de bois
autour de lui en tous cas pas dans ces proportions rageantes, il se leva
enfin pour se tirer, pria pour qu'elle ne porte pas de rouge, jeta son portable
sur le siège avant avec une boite de Cohiba Behike 56 pour
se rassurer, et se jura qu'il ne la laisserait pas lui filer entre les
doigts car il voulait vraiment entrer enfin en contact. Pas de GPS, la clé
et le vrombissement de la caisse, il partit à sa recherche.
Il avait su qu'il devrait être patient, mais ne s'attendait pas à
mettre plus de 5 ans avant que cela se produise et lorsqu'il qu'il la vit, ces
années s'étant écoulée sans trop de peine dans une vie terne et cadrée, il
comprit que quelque chose se produisait avant même qu'elle ne le regarde, il ne
bandait pas, pas encore mais il y eut des petites danses de lumière
inexpliquées autour de lui, elle, le sentit avant de le regarder et
lorsque lentement elle leva les yeux sur lui, elle fût surprise de cette
attirance, elle ne comprit pas tout à fait, ne reconnu pas ce qu'elle connaissait
auparavant, flippa, puis elle le regarda dans les yeux, elle ne voyait plus
rien de ce qui était autour d'eux, il eut un peu de mal à respirer devant cette
présence évidente, remonta d'une de ses mains ses cheveux et cala sa main
derrière sa nuque puis doucement l'enserra. Sans bruit et avec force, ils
s'étreignirent intimement, longtemps.
Le voile se
mua en petits fragments colorés de bleu, inconscience froide et grise, elle
devina qu'un pan de mémoire lui revenait par brins.
XII.
A SEC
DE VOILE
Dites moi comment voir dans ce monde étrange ? Le vent glissa sur le sol et rafraîchit tout son corps, sans motif
valable. Il s'engouffra sous sa chemise, parfuma son humeur de petites
étincelles furibondes qui l'entourèrent. C'était éclatant, comme il se jouait
de ses sens, quand soudainement, sous ses pieds, le sol se mit à chauffer
tandis que son corps héla presque le bastingage comme s'il y eut une silhouette
inattendue à laquelle s'adresser. Des
fils de pluie tombant du ciel, drapés de givre bleuté amplifièrent le contact
sous la forme d'une cérémonie de nature à compliquer les manœuvres
techniques. Il vit la couleur de l'océan dans le vortex, comme une faille
dans un système logique, puis se vit et regarder la fille, et lui tendre la
main.
XIII.
Elle
Will se sentit mal en la voyant arriver vers lui. Il se détourna
un instant et claqua la portière avant du cylindre sur lequel il
travaillait avant de reprendre son souffle et de la regarder : elle
était plus grande qu'autrefois.
-
Que me vaut
l'honneur de ce déplacement ? Lança t-il. Elle ne répondit pas, fila
vers la centrale à outils et métaux, extirpa de sa ceinture les clefs
attachées à la lampe accélératrice de champs magnétique et accrocha cette
dernière en son sein. Will fût médusé par une agilité qui ne sentait pas le
meilleur qu'il se puisse pour ce qu'elle risquait de faire. Il avait mis deux
secondes à ce que son cerveau amène la pensée à son esprit alors qu'elle
penchait déjà dans un temps inférieur, du temps ou lui n'avait encore aucune
maîtrise sur rien et ou elle étudiait tous ses gestes, toutes ses
décisions, toutes ses angoisses et l'accompagnait partout. Mais elle déjà n'était plus là, partie en un autre temps pour
récupérer les éléments d'assemblages à l'étude pour réparer son bras. Will
resta marbré de bleu en voyant qu'il avait perdu deux outils en moins de temps
qu'il ne le fallût à un capteur chimique pour repérer un système complexe
défectueux. Pendant qu'il se produisit un vent qui ensevelit de poudre noire l'antre
de Will et tout alentour, elle se préparait à mettre en œuvre des
techniques sur la conductibilité de l'ADN non encore observables afin de
réparer autre chose que les hélices défaillantes de surcroit, tout au moins les
liaisons hydrogènes tout au plus les fils qui se devaient d'être connectés sans
être repérés.
XIV. Haï
Dans le couloir exsangue et dénué de toute sortie, il fallait se
faufiler.
Mata
gambarimashô Né
La fournaise était infestée de petites diodes orangées.
Dô suru ?
Le mot
japonais "haï" est
une réponse qui veut dire "J'ai bien entendu ce que tu m'as dit".
Source :
Réflexions sur le Japon : http://fisaxij2.blogspot.fr/
Suite en pourparlers avec l'auteure.
:-)
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