Sandra sortit d'un gong lorsque le médecin lui annonça la nouvelle.
- Je ne la veux pas, pas question, c'est impossible, une fille jamais. IMPOSSIBLE c'est Impossible il n'est pas question de cela !
Impossible aussi de voir pour elle que sa fille, la première qu'elle avait abandonnée dans des conditions de rejet semblables une vingtaine d'année auparavant, était maintenant dotée du même caractère qu'elle, intransigeante, coupante comme une faux lorsqu'elle décidait de trancher sur qui que ce soit et que désormais, cette fille, par peur de sa propre histoire avait alors décidé de la bannir à jamais de sa vie, des recherches possibles, et qu'elle se tenait faussement droite afin de paraître sûre d'elle, attrapant quand même la vie avec fierté autant qu'elle le pouvait et hissant des objectifs dictés non par par ses propres décisions mais par ce qui la contenait entièrement : la colère et haine.
Quelque chose la heurtait à distance en lien ou pas avec l'avenir de sa petite sœur, rejetée elle aussi, par cette volonté maternelle renforcée par la conviction que donner naissance à une fille relevait de la fiction, de la décision magique de dire NON à jamais, de se débarrasser de cet encombrant bébé fille dont sa mère n'avait voulu à aucun prix. A ce moment là, elle voulût mourir.
Sacha était loin et ses vingt ans passés auprès d'une mère d'adoption, Anna, belle, toute en réussite sociale, physiquement et professionnellement très présentable et flirtant avec des principes manifestement aussi fermés que la mère de Sa fille. Cela rapprochait Sacha de sa mère, les deux femmes étaient de la même trempe. Elle avait le beau rôle et pas seulement parce qu'elle était une mère appréciable. Un rôle à la mesure de l'incompréhension pour une autre mère ayant abbandonné sa fille dès l'accouchement sous X.
Sandra crevait de rage à nouveau et sans savoir pourquoi. Mais cette fois-ci elle était accompagnée, par quelqu'un qui ne comprenait pas mais qui recevait son rejet autrement que par un jugement, en accueillant cette réaction avec douceur et en essayant de comprendre comment celle-ci se sentait. Il se trouva qu'alors, la rage de Sandra se cadra suffisamment par un regard ouvert pour qu'elle accepte l'accouchement et la venue de cette petite fille autant quelle le pût. Certes cet accident l'empêcha de prendre son enfant dans ses bras mais il lui fallu bien alors repenser à ce qui c'était passé 20 ans auparavant, ce qu'elle ne pouvait faire consciemment, aussi son corps s'arrangea t-il pour empêcher une proximité physique avec Mia, sa dernière fille.
Une certaine méchanceté l'habitait encore parfois. Ainsi qu'elle rejeta sa première fille, elle rejeta aussi sa mère. Elle avait ses raisons.
Qui aurait pu croire que les fantômes de son histoire venaient lui envoyer la fuite devant la naissance d'une fille, comme une protection pour celle-ci, au lieu de l'abandon visible ? Pas même Sandra, qui alors ne connaissait pas l'implication des femmes et des hommes autour de la naissance des filles de son clan pour pouvoir comprendre que cette angoisse intense qu'elle avait éprouvée et qui avait agit en elle, appartenait à l'histoire des kidnappings d'enfants. Les conséquences de ce traumatisme dans sa famille, avait tué la distillation de ce choc par une parole tue en toute innocence et la souffrance induite par le vol des petites filles qui avait eu lieu dans le pays natal de sa mère fût de vouloir fermer les yeux, partir, s'enfuir devant toute figure féminine. La mère de Sandra avait perdu de cette façon 3 de ses sœurs : et Grand-Mère, Maman, 3 de ses filles.
Ainsi, la grand-mère de Sacha, perdit sa fille unique comme l'avait subit sa mère pour ses 3 autres filles. enlevées en période de guerre. Par chance, la deuxième fille de Sandra ne connût qu'un abandon moins violent de sa mère qui devant ce nouvel accouchement, s'était détournée un moment, mais sans partir vraiment.
En ce moment, personne ne se doute que Sacha et Sandra portent le même parfum, roses à cœur et piquant de fraîcheur.
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