jeudi 31 octobre 2013

I. Hacke Me - Flux

Elle tourna et retourna son bras dans tous les sens avant de trouver la panne. Le cuivre devenait chaud et elle n'avait plus beaucoup de temps avant de pouvoir sortir de la soute. Dehors elle ne savait pas ce qui l'attendait. Elle aurait peut-être dû avertir les autres de son escapade mais elle savait qu'elle aurait aussi pu être découverte et que plusieurs d'entre eux auraient pu le regretter jusqu'à trépas. Le projet définitif n'aurait pas lieu car elle avait transformé les flux énergétiques de tous les passagers de l'avion. Ainsi ils n'atterriraient pas où ils croyaient pouvoir passer quelques jours de vacances mais dans le centre névralgique qui lui permettrait de trouver le matériel technique pour pouvoir réparer ce bras dont elle avait tant besoin. Elle avait glissé plusieurs paires de lunettes dans son sac qui lui permettait d'empêcher les passants de lire ses pensées ou de comprendre qui elle était vraiment. Le matériel qu'elle recherchait était une combinaison de nouvelles données que presque personne ne maîtrisait. Elle savait qu'il lui faudrait passer à travers plusieurs grillages qui protégeaient l'institut de recherche et elle avait déjà un plan combiné à un autre multiplié par 25 possibilités. C'est tout ce qu'elle avait pu faire. Elle avait l'habitude de leurs yeux étonnés d'avoir eu si peu de clairvoyance vis à vis d'elle car son mode de connexion avec autrui était particulier et elle ne laissait jamais quiconque voir ce qui pouvait vivre dans ses circuits. Bien sûr il avait fallu se faire admettre par la catégorie des techniciens mais elle n'avait rien fait pour. Quand ils avaient découvert de quoi elle était capable elle s'était enfuie puis avait rencontré les autres. La fuite : toujours devant et derrière elle. Son bras avait commencé à se décrocher de son corps aussi sa respiration se fit plus saccagée. Elle rampa dans le couloir et dû se décrocher d'un panneau d'aluminium qui commençait à se teinter de bleu. Elle n'eût plus le choix et se glissa en douceur dans le corps d'un jeune homme dont les connexions étaient encore soudées lorsqu'elle se rendit compte qu'elle avait complétement oublié sa caisse à outil dans la soute. Mais il était trop tard. L'avion se mit à trembler. Un frelon incorporé  parmi les passagers pour dépister les odeurs tourna autour du jeune homme mais il ne resta pas trop longtemps - pas assez pour alerter qui que ce soit. Elle pensa tout à coup à la sombre plaine qu'elle avait regardé dans ses moindres détails. Où tous étaient morts brûlés. Mais le corps du jeune homme s'agita et il se mit à tousser bruyamment. Une des tulipes rouges accrochée sur la paroi au dessous de la fenêtre de données sourit et commença à chanter. Elle était presque dévoilée. Elle profita d'une seconde d'arrêt temporel pour reculer d'un temps et retourna chercher le matos. Son bras ne tenait plus qu'à un fil. Elle se laissa guider comme il lui avait été demandé même si elle avait de la peine à laisser cette énergie s'emparer d'elle. Sans doute une autre vie. Elle s'assit sans rien dire sur un des sièges et tourna la tête vers l'homme. Son regard la brûla. Elle ressenti quelque chose dans la structure énergétique de ses corps et dû glisser ailleurs car l'alarme sonnait. Temple de Louxor entendit-elle doucement.

samedi 19 octobre 2013

Maintenant

Le gamin sonna à la porte de l'immeuble.
- C'est Qui ?
- C'est personne !
 
Je n'avais pas crû l'hiver lorsqu'il m'avait soufflé de partir. Je restais donc. Je n'avais pas su voir l'anesthésie - je n'avais pas eu ce vent frais qui découvre quelque chose de réel - rien du tout - je ne sentais plus rien. Je crû l'avoir décidé. Me le fit croire. Car à force de, il n'y avait plus aucune alternative que celle de ne plus sentir.

Pourtant je me mis à avoir des bulles dans la nuque et envie de pleurer. Je repensais à l'asphyxie. Il était étrange que tout à coup je me réveille après des nuits sombres à fermer tout, à veiller. Je n'avais pas de pluie sous la main et il ne me resta plus qu'à accepter ce qui se produisait. Donc avec peur, je le refusais. Je fermais les fenêtres, je fermais les yeux, je fermais tout le reste.

Sans annonce la délicatesse vint sous les couches les plus fines, l'eau présente ne jaillissait pas des yeux, l'épaisseur contenue dans la poitrine se rompit et me laissa quelque peu ouverte. Je donnais des coups de pieds dans les marrons qui volèrent ça et là, et encore entre les feuilles. Quelque chose filtrait, encore différemment de ce que je connaissais, encore de la peur, encore un passage, cela s'ouvrait. La traversée se fit lente puis présente à chaque instant.


Et une autre nouvelle fois, je contactais l'imprévisible.
Petit à petit plus librement.
 

lundi 14 octobre 2013

Renversez-Moi

Prenez du lait : un litre environ * 10 à 12 cuillerées à soupe de  sucre * Laissez le four à sa place * 10 œufs * 2 moules un plus grand un plus petit le plus petit devant entrer dans le deuxième *Fouettez ou battez les œufs avec le sucre jusqu'à ce que le mélange blanchisse mais ne pensez pas à autre chose sinon le mélange risque une overdose de bulles et ne rentrera plus dans le plat* Puis Lait. *Allumez le four pendant - avant - ou après - chacun fait ce qui lui plaît - Caramel devra tapisser le moule (pas obligatoirement conçu car transformation du sucre complexe) *puis de l'eau dans le plat le plus grand * le plus petit dans le grand * ou ramequins ce qui ne serait pas plus mal * cuisson : autant que vous voulez jusqu'à planter une pique à brochette chacun son truc qui doit ressortir sèche. 
Puis à chaud (ne prenez que le plus petit moule bien sûr) :
Renversez-Moi.


jeudi 10 octobre 2013

IX. HACKE ME - Ainsi se trouvait-il pendu, + 0,24%

Son désir de maîtrise l'avait amené à rechercher la pointe de l'excellence dans tout ce qu'il entreprenait. Il avait aimé une grande partie de sa vie en calquant sa vie de chercheur avec son anxiété constante qui l'amenait à développer une curiosité hors norme. Tendu comme un arc dans les circonstances de vie les plus simples, s'il se rassemblait dans son corps et acceptait les désagréments passagers provoqués par une vie proche de celle d'un marin qui naviguait de mers en eaux, il savait avoir déjà accompli dans l'instant un grand nombre de faits d'armes non négligeables et était confondu de voir que cela ne valait déjà presque plus rien au regard de ce qui l'habitait dans le moment présent.

Habitué à la reconnaissance de ses pairs, la fluctuation des vents dans la vie ne lui faisait pas peur exactement mais tourmentait ses certitudes. Ainsi se trouvait-il suspendu.

Le Château Montrose n'était pas exactement sa tasse de thé, aussi ouvrit-il une bouteille de Taketsuru à l'honneur pour exploiter un plein potentiel sur ces expérimentations multiples. Il se dévêtit pour enfiler juste un jean souple et une veste blanche et confortable, débrancha son portable, s'installa derrière l'écran pour prospecter sur les idées et les nouveautés dans l'air du temps de cette soirée. 

Il tourna ensuite lentement la tête car l'air bruissait élégamment et la vit foncer sur lui, ne reconnu pas tout de suite qui elle était,  vit ses couleurs tournoyer et se mêler les unes aux autres, puis elle déploya ses ailes et se posa sur sa droite du côté de toutes ses certitudes enchâssées  et avança ensuite d'un pas devant lui sur le plancher clair. Médusé par sa prestance et sa proximité, il retint son souffle, et regarda l'oiseau de proie dans les yeux pendant plusieurs minutes sans que rien n'entrave leur connexion.

Le changement s'opéra lentement, tel qu'il le laissa entrer en lui, et le bouleversa pour quelques temps si bien qu'il ne se reconnut plus tellement, et nombre de ses intérêts changèrent rapidement. L'adéquation avec son milieu ne se fit pas aisément, car il se mit à saisir le présent comme il ne l'avait jamais encore prit, ainsi dépendu.
 

mardi 8 octobre 2013

X. HACKE ME - Retombées, -0,82%

La seule et unique façon avait-elle crû était de partir. S'éloigner de tout. Comme Cela, l'air de tout.

Elle alluma un clope sous la douche et écarta le rideau, jeta les cendres au sol et pencha la tête en arrière, encore un peu d'eau chaude, descendit et marcha sur les tomettes rouges jusqu'à la cuisine, reprit une cigarette et l'alluma avec l'autre, mangea des nouilles, huile d'olive, ail et poivre, en alternant avec le paquet de clope entier, ce qui lui prit pas mal de temps, trouva que ce n'était pas classe, ne voulu plus regarder personne, jeta un vague coup d'œil à Brautigan* qui trainait sur la table laissa le monde parler et dire ce qu'il voulait sans réagir, ne voulu même pas dire pour se défendre de quoi que ce soit, entendit une petite voix lui murmurer avant de se jeter sur le lit et d'enfouir sa tête dans les bras et les draps, "tu as perdu ton enfant", ainsi les larmes ne la quittèrent pas, tout le monde se détourna, sans savoir tandis qu'elle retournait en-elle même d'où personne ne la vit jamais, sauf bien sûr Brautigan*, qui avait écrit retombée de sombrero exprès pour qu'elle se sorte de cette mauvaise passe.

*retombée de sombrero traduit de l'américain par Robert Pépin

XI. HACKE ME - L'ÉTREINTE

Sous la lampe l'éclairage se fit plus insistant.
Il la regarda en se demandant si toutefois il n'aurait pas dû...
Puis chassa l'idée de son esprit. 
Il ne franchit pas encore ce seuil, se tourna vers la plante et eut envie de la foutre en l'air, pensa à l'hiver dernier et au manteau blanc de la neige qui doucement s'était infiltré dans son corps, cela avait commencé lentement comme une grenouille qui cuit à petit feu sans s'en rendre compte, la nostalgie s'était emparée de lui comme jamais auparavant et il avait sentit le froid. Habitué à snober ouvertement ses sentiments qu'il faisait toujours passer loin derrière, devant toujours fringant il avait avancé à l'aveugle, se dirigeant d'étoffe en étoffe, humant l'air ambiant et se satisfaisant de ce qu'il trouvait lorsqu'il avait pu s'installer dans une ville, privilégiant les soirées de son crû, il avait perdu de sa superbe puisque crûment la lumière venait contrefaire ses plans et il ne pouvait plus se planquer.
Malgré lui elle entrait subrepticement dans son corps, un corps qui acceptait moins bien la lumière que le reste, il avait mal et depuis se voyait de plus en plus touché par l'authentique, il ne voulait plus de bois autour de lui en tous cas pas  dans ces proportions rageantes, il se leva enfin pour se tirer, pria pour qu'elle ne porte pas de rouge, jeta son portable sur le siège avant avec une boite de Cohiba Behike 56 pour se rassurer, et se jura qu'il ne la laisserait pas lui filer entre les doigts car il voulait vraiment entrer enfin en contact. Pas de GPS, la clé et le vrombissement de la caisse, il partit à sa recherche. 

Il avait su qu'il devrait être patient, mais ne s'attendait pas à mettre plus de 5 ans avant que cela se produise et lorsqu'il qu'il la vit, ces années s'étant écoulée sans trop de peine dans une vie terne et cadrée, il comprit que quelque chose se produisait avant même qu'elle ne le regarde, il ne bandait pas, pas encore mais il y eut des petites danses de lumière inexpliquées autour de lui, elle le sentit avant de le regarder et lorsque lentement elle leva les yeux sur lui, elle fût surprise de cette attirance, elle ne comprit pas tout à fait, ne reconnu pas ce qu'elle connaissait auparavant, flippa, puis elle le regarda dans les yeux, elle ne voyait plus rien de ce qui était autour d'eux, il eut un peu de mal à respirer devant cette présence évidente, remonta d'une de ses mains ses cheveux et cala sa main derrière sa nuque puis doucement l'enserra. Sans bruit et avec force, ils s'étreignirent intimement, longtemps.

Le voile se mua en petits fragments colorés de bleu, inconscience froide et grise, elle devina qu'un pan de mémoire lui revenait par brins.