samedi 22 août 2015

Métabolisme

Quelques années de merde au compteur plus tard,  (si je tournais le mitigeur il me restait dans les mains, je voulais de l'eau froide elle me brûlait, j'avais flingué 4 à 5 ordinateurs qui avaient clamsé sans que je n'ai eu le temps d'aucune sauvegarde car je bossais toujours à la sauvageonne, la maison avait failli brûler deux fois et nous avec, je m'était cassé quelques trucs ça et là, avait perdu du suc malgré la volonté de fer qui m'habitait et faisait flipper les plus sceptiques qui finissaient par vouloir courir sur les mêmes chemins que moi ou engorgeaient les autres de mépris, je perdis une maison, une famille, un homme, un enfant, ma réputation, ma crédibilité, plus personne ne me respecta, je ne reçus pendant 5 ans que du déni, des injures et des humiliations du corps médical, de ma famille, mes amis se dispersèrent presque tous mais je ne mis que peu de temps à être appréciée et aimée encore tout autant sans pourtant développer de liens trop rapprochés car peu de gens s'y risquaient vraiment, certains n'osaient pas m'aborder comme d'habitude et ceux qui le tentait étaient toujours surpris de celle qu'il pouvait rencontrer réellement, je ne laissais de toutes façon que certaines personnes m'approcher et je tentais parfois des coups de poker ou j'échouais lamentablement à m'être entichée amoureusement de quelque personne à un moment donné, mais j'avais déjà ouvert des paris audacieux plus que fructueux et j'y avais toujours pris goût, le goût du risque que la plupart des gens cachaient dans leur portefeuille et au fond de leur cœur, que moi, je pouvais ouvrir somme toute très facilement si toutefois, je le décidais vraiment et que je sache ou ne sache pas ce qu'il adviendrait, je faisais parfois de pures rencontres qui bouleversaient vraiment ma vie, cela avait toujours été le cas. Ce qui était drôle c'est que la plupart du temps, les gens ne me croyait pas, cela avait toujours été, aussi je ne luttais même plus ou presque pour donner le change sauf seulement avec quelques éclairés qui descendaient directement de mars et me saisissaient très bien. Quitter cependant mon acharnement à ne plus parler à personne ne me quitta cependant plus ou presque, j'écartais vivement tous ce qui ressemblait aux faux-semblant mis à part quelques cas pratiques si quelque chose me touchait particulièrement chez quelqu'un, je tentais parfois le diable,.

Heureusement il me resta un enfant qui m'abrutissait de questions successives du genre mais enfin pourquoi les Daft Punk mettent des casques de motos pour faire de la musique ? Combien coûte une guitare électrique je veux faire du rock, 25 euros ça irait ? Je voudrais bien aussi être vendeur de guitare et il faut faire beaucoup d'études pour ça ? Tu comprends pas que je veux être vendeur ? Donc, je ne veux pas faire d'études est-ce que tu comprends ? Je veux vendre des guitares à 2 millions d'euros. Si j'en vends plein, j'aurais plus que 2 millions d'euros ! Et avec deux millions d'euros, je m'achète la guitare électrique que je veux. Regarde combien ça coûte, tu as regardé ? Je veux une guitare, je suis près à vendre tous mes jeux de DS pour m'acheter une guitare. Tu ne pourrais pas faire un autre enfant ? Si j'avais un frère qui n'était pas mort, je pourrais faire de la moto avec lui au moins, ce serait super ?!  Mais non, je ne suis pas trop petit. Faut faire quoi comme études pour faire de la moto ? Houellebecq ? La Possibilité d'une île ? Tu crois qu'on pourrait s'acheter une île ? Partir vivre dessus et ne plus jamais aller à l'école ? 

J'avais failli perdre la motricité, le langage et la vue, mais ce qui était sûr c'est que mon potentiel érotique se développa dans des mesures étonnantes qui fit le plaisir et la stupeur de celui qui arriva à accoster mes rivages tortueux, nous ravit tous les deux, dans des mesures très différentes mais de très haut voltage pour chacun car je commençais à me réveiller très sérieusement et à ne plus supporter grand chose qui me contrarie tout en étant d'un tempérament très ouvert, si on peut dire car ce n'est pas exactement le cas, tout au moins, trouver écho commençait à introduire beaucoup plus de bonheur et dans mon intimité et dans ma vie. J'avais cultivé la joie, mis en jachère je ne sais quoi dans les capucines, les poivrons, trois ou quatre animaux qui avaient évidement clamsé eux aussi sans prévenir, mes écrits même pas sauvés du vent, mes désillusions, mes croyances et mes objectifs, mon acharnement, ma sexualité, mon tempérament sans concession, mes silences, mes angoisses et ma profonde foi devant l'éternel : mon corps me le fit sentir au plus haut, et je voulu monter encore.

Elle est ou mon épée en bois ? J'en ai besoin ! Donne la moi. Bon, je prends la vraie. Alors donne moi la fausse. Non, je ne l'ai pas trouvée. 

Je constatais que l'effet que je produisais était assez clairement le même que celui qui m'arrivait quand j'étais plus jeune, avec plus de clarté et de précision, et je restais cependant toujours très distante en ce qui concernait toute forme d'intimité que je réservais à certaines personnes à un moment donné, et qui une fois perdue, ne revenais plus jamais, au grand dam de mes amours passés car je m'affinais avec le temps comme un grand vin qui se bonifiait avec le temps, et le travail et ils ouvraient les yeux toujours trop tard sur ce qu'ils avaient perdu.  Et ceux que j'avais vraiment aimé finissaient immanquablement par me regretter toujours beaucoup et éperdument, à peu près autant que moi mais ils s'en rendaient compte bien plus tard que moi je ne l'avait éprouvé : cela avait toujours été ainsi, j'avais fini par accepter les trucs complètement cons qui ne changent rien à rien. Je m'amusais comme une petite dingue à écrire n'importe quoi, mélangé à ce que je voulais, ce qui était d'une jouissance absolue, car l'interface avec le réceptacle m'était tout aussi vital que l'espérance de m'en sortir, de guérir et de garder la vue ou bien peut-être de devoir vivre sans plus jamais percevoir tout ce que j'aimais regarder chez les autres, leurs yeux, leur chaussures, leur rictus de mécontentement, la jalousie, les ciels nuageux, la couleur du vent, les mots sur les lèvres, la colère contenue, la souplesse des relations en mouvement, mes envies de tout toucher et de bidouiller les sons, les mots, les nouveautés, regarder, prendre et toutes les rencontres visuelles qui ne semblent qu'être normalisées par l'habitude instantanée de la vision au réveil quand on ouvre les yeux et qu'on se lève.

Il me fallait quand même obligatoirement faire quelques poses pour vivre autre chose, ce que j'eus beaucoup de mal à faire. Je ne pensait plus que bitumé, et je devenais maintenant beaucoup plus souple, je le constatais de plus en plus car presque plus rien ne pouvait entraver ma bonne humeur, et je riais comme une enfant à tout ce qui se présentait de mieux, quand je ne m'énervais même plus si les pieds de la machine avaient claqués en même temps que je dusse éponger 6 litres d'eau qui se dispersait sur toute la surface de la cuisine en 3 minutes alors que la beauté de la vie voulait bien enfin me donner quelques fleurs ça et là. J'en voulais toujours plus, plus de sexe, plus d'amour, plus de rire, plus d'écrits, plus de job, plus de tout. Si je dus donc me contenter du moins, celui-ci finit par s'inverser dans la tendance inverse.

Enfin plus ou moins car le matou de la maison vient de se jeter en arrière et de faire exploser le miroir "LOOK AT YOUR FACE ! IT LOOKS LIKE AN ASS !" qui était posé sur le lit et depuis lequel on pouvait normalement contempler son propre visage en face du trône de la maison).

M'accompagne amoureusement, toujours les mêmes écrits, qui me ravissent et me donne une occasion de rire à pleine gorge osé-je dire, ceux-ci, putain ça fait du bien :

Extrait, La Possibilité d'une île :
J'en suis page 161...
(...)

"J'appris de surcroît ( avec certaines difficultés - Les Français, on le sait, n'aiment pas parler de leur salaire) que si l'actrice était payée cinq cent euros par jour de tournage, eux devaient se contenter de cent cinquante. Ils ne faisaient même pas ce métier pour l'argent : aussi incroyable, aussi pathétique que cela puisse paraître, ils faisaient ce métier pour baiser des nanas. Je me souvenais en particulier de la scène dans le parking souterrain : on grelottait, et en considérant ces deux types, Fred et Benjamin (l'un était lieutenant de sapeur-pompier, l'autre agent administratif), qui s'astiquaient mélancoliquement pour être en forme au moment de la double, je m'étais dit que les hommes étaient vraiment de braves bêtes, parfois, dès qu'il était question de chatte.

Ce peu reluisant souvenir me conduisit vers la fin de la nuit, à l'issue d'une insomnie quasi-totale, à jeter les bases d'un scénario que j'intitulais provisoirement "LES ÉCHANGISTES DE L'AUTOROUTE", et qui devait me permettre de combiner astucieusement les avantages commerciaux de la pornographie et de l'ultraviolence. Dans la matinée, tout en dévorant des brownies au bar du Lutécia, j'écrivis la séquence prégénérique."


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