Irisée, une
transparence, ombrée et scintillante par à coups se mouvait devant Pinocchio.
Interdit,
Pinocchio souffla :
- Qu'est-ce ?
Un appel
retentit et Pinocchio, flamme de bougie, vacilla dans l'herbe.
La présence le
bousculait et l'intriguait.
Il croyait
reconnaître une forme.
Une douleur
profonde l'entailla : le reflet de Sieur Grillon, devant lui.
La sensibilité
de Pinocchio était resté inerte à ses avertissements.
Comment
accepter un conseil et en même temps, être libre ?
Pinocchio
entendit un chant qu'il ne reconnut pas mais qui lui était pourtant familier.
Il était fébrile maintenant. Comment se faire confiance et écouter quelles
perceptions étaient les bonnes ? Le Grillon chantait. Doucement, devant
Pinocchio, le Grillon mesura les conséquences de ce qui avait eu lieu entre
eux. Prêt à rejoindre ses nouveaux amis, Pinocchio ignorait à nouveau la voix
venue le guider. Les Chat et Renard s'étaient évanouis dans la soirée et les
pièces de Pinocchio en poche, de se glisser au loin, finir de se gausser de
tant de naïveté. Et Pinocchio de se réjouir et ne comprendre. Sorti de
l'Auberge mais pas en tout point, Pinocchio de vouloir les retrouver. Multiplier
ses pièces, c'est tout ce à quoi il songeait. Les harmoniques du Grillon et
cette voix de l'au-delà qui lui indiquait une nouvelle fois le danger et la
présence d'assassins et de rentrer à l'Auberge plutôt que de s'aventurer en
lieux interdit pour piètre Pantin laissait notre lauréat de bois. Après avoir
constaté que Pinocchio n'était nullement affecté par ses transmissions, Le
Grillon inonda le corps de Pinocchio, bois de rose au cœur, rose vif en
périphérie, amour absolu et réel. Et disparu.
Pinocchio
s'éloigna de deux ou trois pas. Le bruissement de l'herbe fraîche, pendant le
coucher de soleil et la vision de quelques gouttes de rosée firent frissonner
Pinocchio. L'odeur et la composition de la terre, ses particularités le
confondait en un émoi totalement indéfini comme chaque fois qu'il se
trouvait en contact avec La Nature et particulièrement à l'heure du point
de rosée. Une merveille de connexion avec toutes les plantes et les arbres se
glissait alors en lui et il pouvait sentir les vibrations qui ne séparaient
plus en rien son corps de celui de l'environnement. Il se sentait entier. Le
dialecte perceptible de cette Terre, son essence s'emparait de lui et la
structure même de son corps, sa forme se muaient en une quiétude profonde, plus
encore l'odeur de la Terre transcendait la réalité, plus haute : ce nouvel
équilibre dans l'air et le calme propice au relâchement du corps, lui affirmait
sans ambages quelle maîtrise il avait de lui et combien il se respectait. Il
avait même l'impression de s'aimer. Les variations individuelles de son être
avait un sens.
Cette
expérience nouvelle, il la ressentait toujours comme telle y reconnaissant des
images d'autres expériences passées dont il ne connaissait plus l'origine. Et
de saluer en lui l'enracinement dans la terre comme en tous les êtres avec
lesquels il souhaitait le contact, l'harmonie avec toute forme de vie, la
fluctuation des échanges, la magnificence vraie retenue en un souffle, peur de
perdre la sensation avant de laisser cela le traverser. Les ondes étaient d'une
grande pureté, sans équivoque.
Dans cette
présence claire et légère à lui-même, cette accentuation profonde d'un réveil
impromptu, un flot d'énergie remontait tout autour de lui. Et plus de Lumière.
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