Un vent turbulent mêlé au froid violent de
l'hiver claquait et secouait toute la maison, de manière à ce que Pinocchio,
plongé dans ses pensées dût alors ressentir soudainement
en quoi le feu du vent pouvait influencer l'air, un quelque chose d'entier, une
force singulière, appréciable, presque endiablée, inimaginable pour un pantin
pas même conscient de la brise et déjà apeuré par les sons produits dans cet
étrange évènement. Contre toute attente, cela devint finalement une aide et
il s'écria comme un éclair, plein d'allégresse :
- Goûter le vent ! Rien de me sied autant
s'emballait Pinocchio comme la faim l'assaillait. Et le voici de passer
la porte, et se mettre face au vent, et de tenir debout, et de faire fi
de tout, foutre dieu que cela était bon de sentir chacune de ses cellules
vibrer à l'unisson, un champ d'amour spécial et stupéfiant par une nuit noire
ou pas un seul chat qui n'eusse voulu se faire porte voix de la tempête ni
n'eusse même osé s'aventurer dehors. En réponse à l'appel de la vitesse des
vents qui s'armaient pour entrer à l'horizontale à l'intérieur de Pinocchio,
explosion intime de méchants tumultes, parfois extraordinaires,
rafraîchissants, et de toutes les façons, comme un coup de tonnerre, il
avait maintenant l'âme à l'envers embarqué en un climat de braise, tendre et
glacée, sous influence, juste après ce tremblement de vent :
Le néant devant lui, pas âme qui soit en ce
froid, et voici Pinocchio de se mettre à tirer les larmes du premier voisin
venu, pas par contagion amicale ni compassion pour le vent en ce ventre mais
parce qu'il fermait les yeux quand Pinocchio, prit de folie car affamé
lorsqu'il se mit à tirer sur les cloches de l'entrée et ainsi, le réveilla.
Le voisin :
- Cela ne va pas ! ???
- Non ! répondit Pinocchio, j'ai bien faim.
- Attends donc, approche un peu ton Borsalino et
ne bouge pas.
Pinocchio attendit sagement, Tête au Vent. En plus de se casser Le Nez à la porte du voisin,
Pinocchio ne reçu pas mieux qu'un seau d'eau sur la tête et trempé à
l'ordinaire soit, ventre creux et ayant les crocs comme jamais, il retourna,
maître d'équipage d'un navire sans fond, à la maison.
Bien qu'accueilli à bras fermé, frissonnant, le
cœur tourmenté et la mine défaite, ne voulu point montrer de quel bois il se
chauffait, se réserva et rentré à la maison comme il l'était précédemment,
s'assit alors devant le feu, posa ses pieds sur les planches devant la
cheminée, tandis que ceux-ci s'enflammaient pendant son sommeil pour roussir
longuement et lentement jusqu'à l'aube sans que Pinocchio n'ouvrit un oeil.
Un peu plus tard :
- Toc, toc, toc...
Pinocchio, le flamboiement ardent du palpitant
désormais en éveil mais les jambes presque fauchées d'un feu qui avait hurlé à
la lune toute la nuit et mangé ses pieds de bois, résigné à ouvrir les yeux,
s'échauffa :
- Qui va là ?
- Geppetto, mon petit. Comment vas-tu ? dit t-il
en entrant.
Et Pinocchio, irrésistiblement étincelant
d'une nouvelle flamme, en désignant les merveilles de sa nuit mouvementée par
l'orage :
- Cela dépend du Vent, murmura t-il, calmé.
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